Art Metropole : Collectionner son époque
Le Top 100 de la collection Art Metropole permet d’observer une période trouble de l’humanité par la lorgnette de l’art d’avant-garde.
Fondé en 1973 par le collectif torontois General Idea, Art Metropole est considéré comme le premier centre d’artistes au pays. Il s’agit également d’une importante collection. Celle-ci rassemble environ 13 000 documents conçus à partir des années 1960 par des artistes québécois et canadiens (Jana Sterbak, Pierre Falardeau, Michael Snow…), mais aussi de l’étranger (Andy Warhol, John Cage, Marcel Duchamp, Christian Marclay, Laurie Anderson, Yoko Ono…), témoignant de la culture vivante. En 1999, le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) a acquis cette collection.
On peut voir une certaine ironie dans ce geste du MBAC, car les oeuvres d’Art Metropole n’ont pas été faites pour être présentées dans des galeries d’art ou des musées. C’est même en raison de la rigidité du milieu muséal de l’époque que plusieurs artistes se sont tournés vers des réseaux de distribution alternatifs pour la diffusion de leur art. Dans cette collection, on trouve des "objets non précieux" (affiches, disques, cartes postales, livres, chapeaux…) ainsi que de nombreuses productions éphémères. "Si elles n’avaient pas été collectionnées, ces oeuvres seraient disparues pour la plupart, explique Suzanne Pressé, coordonnatrice des expositions et de l’animation à la Galerie d’art du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Le Top 100 est donc une exposition d’archives nationales et internationales."
ÊTRE DE SON TEMPS
Art Metropole couvre une période marquée par une ébullition sociétale et une recherche de compréhension qui ont mené à plusieurs interrogations et à l’émergence de différentes formes de contestation. Les oeuvres atypiques de cette collection témoignent de la vision des artistes quant à la perte de sens, au déchirement et au désarroi qui régnaient à l’époque. Par le fait même, Art Metropole aide à comprendre toute l’effervescence de l’avant-garde artistique de la deuxième moitié du 20e siècle.
Selon Suzanne Pressé, Le Top 100 permet de découvrir le travail d’artistes de leur temps. "C’est un ensemble d’oeuvres qui raconte plusieurs histoires. On y trouve beaucoup d’art engagé, que ce soit par des affiches pour dénoncer les tueries à la guerre du Vietnam ou des vidéos très féministes. Il y a aussi un courant bien populaire dans les années 70 qui est l’art conceptuel, c’est-à-dire que l’idée devient oeuvre d’art. C’est donc visuel, littéraire, politique, dénonciateur…"
Elle poursuit: "On dit souvent que les artistes sont en avance sur leur temps. Moi, je dis que ce sont nous qui sommes en retard." Le Top 100 permet donc un sérieux rattrapage.
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L’art engagé, l’avant-garde, les oeuvres éphémères