Marc Raymond : Élégance de la forme
Les sculptures et les découpages de papier de Marc Raymond, à la Galerie de l’École d’art d’Ottawa, constituent un bel exemple d’oeuvres caractérisées par une économie de moyens efficace. Les matériaux utilisés sont des plus simples (contreplaqué peint d’une seule couleur, papier aux teintes cendrées), et le résultat de leur assemblage, des plus désinvoltes. L’artiste réussit à faire voir au visiteur toutes les splendeurs de la forme dans son expression la plus sobre, lui permettant aussi de poser un regard neuf sur l’espace qui l’entoure.
Jonchant le sol ou s’appuyant contre le mur dans un équilibre précaire, des morceaux de bois, en apparence taillés de façon parfaitement rectangulaire, se soudent en leurs divers côtés pour s’édifier en des configurations abstraites. Celles-ci paraissent un peu banales à première vue, mais en les regardant de plus près, le spectateur remarque que chaque fragment a été découpé suivant des angles inégaux (loin du précis 90 degrés attendu du travail d’un menuiser!), et que leur agencement bout à bout contribue à accentuer l’aspect déstabilisé des objets. L’artiste semble vouloir donner à ces structures géométriques une allure fluide et mobile, à l’encontre de la rigidité du matériel utilisé (la planche de bois), mais révélatrice de sa provenance, végétale et organique.
Mis à part l’éclairage un peu trop vif qui enlève à la beauté de chaque proposition, l’habileté et la force de précision de Raymond sont étonnantes, et son travail fait preuve d’une accrocheuse élégance. À l’affiche jusqu’au 29 mars prochain.
À voir si vous aimez / Joel Shapiro, Anthony Caro, l’art minimaliste