Osheen Harruthoonyan : Mémoires d’éléphant
À travers son exposition Elephants, présentée à La Petite Mort jusqu’au 29 mars prochain, le Torontois Osheen Harruthoonyan fait découvrir au spectateur le nombre incroyable d’expérimentations photographiques qu’il a réalisées à l’intérieur de sa chambre noire. Ce type de tirage mise sur les bonnes (et les moins bonnes) découvertes du hasard, et même si le procédé paraît simple et peu novateur, surtout dans une ère dominée par le numérique, le résultat qui en découle ici est des plus fascinants.
Plusieurs épreuves en noir et blanc dépeignent des scènes évocatrices d’une certaine nostalgie du passé: des personnages féminins sont habillés à la mode des années 50, un enfant arbore fièrement un costume de cow-boy (les enfants d’aujourd’hui jouent-ils encore aux cow-boys et aux Indiens?!), et même dans Tulip I et Tulip II, qui montrent en plan rapproché les têtes en fleur de ces végétaux printaniers, le traitement choisi donne l’impression de photos trouvées dans un vieil album, avec un rapiéçage presque maladroit et, ici et là, des gouttes bien placées de révélateur chimique.
Chaque image renferme juste assez de mystère pour que le visiteur s’interroge sur la provenance ou l’authenticité de ce qui est présenté (par exemple, dans Fantaisies, sont dévoilées uniquement les parties inférieures du corps, les visages ayant été effacés de façon volontaire), et fait aussi ressortir les qualités fragiles et temporelles des sujets. Une exposition à ne pas manquer, ce qu’on peut dire aussi du site de l’artiste, qui renferme d’autres pertinentes composantes de son corpus (www.osheen.ca).
À voir si vous aimez / Man Ray, Marie Lannoo, Gary Hill