Road Runners : Artistes en fugue
Dans Road Runners, la commissaire Marie-Josée Jean nous invite à prendre la route. En bonne compagnie. Avec Jeff Wall, Chris Burden, Peter Gnass, John Massey…
Après la Deuxième Guerre mondiale, la route et l’autoroute (et du coup, la voiture ainsi que la moto) ont acquis une aura bien particulière. Elles sont devenues l’incarnation de l’aventure. La commissaire Marie-Josée Jean a mis le doigt sur un sujet très riche qui méritait en effet cette exposition en deux volets (chez VOX et à la Cinémathèque québécoise). Celle-ci mériterait même d’être remontée dans un musée avec encore plus d’oeuvres, et accompagnée d’un catalogue.
Le volet chez VOX débute par la monstration du célèbre dessin animé Road Runner et le Coyote, duo inventé par Chuck Jones en 1949. Là, l’intelligence et la confiance en soi dégagées par le coureur des routes (sorte de coureur des bois moderne) ne font pas de doute. Il est l’incarnation de la vivacité d’esprit, de la chance, du cool… On remarquera aussi, sur un mur, une citation du sculpteur Tony Smith. Celui-ci explique comment, un soir qu’il a pris la route, il a compris que l’expérience esthétique qu’il était en train de vivre était la preuve que l’art n’avait plus nécessairement besoin d’objets, de tableaux ou de sculptures. Cette expo pose en effet la question de l’élargissement de la notion d’art à son hors cadre et à l’espace hors du lieu d’exposition. C’est peut-être une des seules limites de cette présentation qui aurait dû encore plus interroger, en dehors des thèmes de la voiture et de la route, l’impact de cette nouvelle manière de voir sur le monde des arts. On remarquera aussi le peu de femmes exposées. Serait-ce que l’appel de la route est un rêve avant tout masculin? Peut-être, mais il y manque au moins le film No Sex Last Night de Sophie Calle… Néanmoins, une expo très bien carrossée.
À voir si vous aimez /
Michel de Broin et Bill Vazan