Pierre Chénier : L’art du dialogue
Les nobles dessins aux allures pariétales de Pierre Chénier invitent le spectateur à un dialogue à l’issue incertaine.
Formé en histoire et en géographie urbaine, Pierre Chénier a brièvement mené une carrière en archéologie. Vers la fin des années 70, l’artiste originaire d’Ottawa optait pour la pige afin de pouvoir consacrer une plus grande part de son temps à sa peinture, ses dessins. "J’ai laissé la place à ce que je voulais faire depuis toujours", convient-il. Ce choix de vie coïncidait avec son établissement dans les Cantons-de-l’Est. Depuis, l’art a pris le dessus et Pierre Chénier cumule les expositions.
La plus récente se nomme Dissemblance. "C’est en opposition à la figuration, explique-t-il. Ça représente bien ce que je fais depuis quelques années."
DESSINS SANS FIN
Pour lui, chaque pièce implique un long et délicat dialogue. "Je ne sais plus trop qui a dit ça, mais toute oeuvre est autobiographique. J’ai mon sexe, mon âge, mon vécu, mon expérience… La notion du temps, la mémoire, tout cela est en moi. Quand je peins, ça sort de façon naturelle, mais étudiée."
Il poursuit: "Le premier geste est très spontané. Après, il y a une première couche de blanc et là, je pars. Des fois, il faut enlever des choses qu’on aime parce que ça ne tient plus dans le discours. Ça va chercher l’esthétique des toiles du 13e et du 14e siècle." Le plus ardu pour Pierre Chénier se rapporte à la conclusion de ce fameux dialogue. "C’est même parfois bien que je sois forcé d’arrêter, parce qu’il m’arrive de trop vouloir en dire."
Pour Dissemblance, l’artiste a donc fait preuve d’une grande retenue, que ce soit dans l’utilisation de l’espace ou des matériaux. "Il y a quelques années, j’ai trouvé que c’était rendu trop lourd. Je voulais retrouver ce côté fragile et intemporel du dessin; ça se prête plus à ce que je veux rendre. C’est dit et non dit à la fois."
Ainsi, par des influences de l’art rupestre et des évocations anthropomorphiques, Pierre Chénier effectue un salutaire retour aux sources: "C’est un retour à l’essentiel: la forme, la ligne… D’une certaine façon, je considère Dissemblance comme une exposition sur le dessin."
À voir si vous aimez /
Le non-figuratif, l’art rupestre, le dessin