Imagine: La ballade pour la paix de John & Yoko : Pensée magique
Arts visuels

Imagine: La ballade pour la paix de John & Yoko : Pensée magique

Le bed-in pour la paix de John Lennon et Yoko Ono fait l’objet d’une expo au Musée des beaux-arts. Le chemin des rêves brisés.

Cela fait maintenant 40 ans que le célèbre bed-in pour la paix de John Lennon et Yoko Ono a eu lieu à Amsterdam (fin mars 1969) et à Montréal (fin mai et début juin 1969). Après toutes ces années, quel regard pouvons-nous porter sur cette action? Il semblera plutôt pessimiste.

Déjà, le discours qui l’enrobe semble totalement affaibli. Lors de la conférence de presse de Yoko Ono, les journalistes ont eu droit à des propos éthérés, extrêmement simplistes, à la croisée de la psycho-pop et du résumé d’un cours de bouddhisme 101. Il fallait entendre Yoko Ono y expliquer comment nous sommes tous faits d’eau, qu’il faut purifier afin de créer en nous une oasis… Lorsqu’on lui a demandé un message pour les jeunes, elle a répondu qu’ils devaient continuer à aimer et à danser! Son message se résume à l’idée que si on visualise la paix, elle pourra se concrétiser. On n’est pas loin du livre Le Secret.

Ce type de vision simpliste et pleine d’innocence apparaît maintenant bien dépassé. Mais il semble du niveau de la majorité des oeuvres de Yoko Ono, dont plusieurs exposées au MBA. Ses jeux d’échecs composés uniquement de pièces blanches, symbolisant la fin de toute hostilité, sont bien littéraux. Tout aussi banales sont ses cartes de géographie sur lesquelles le visiteur est convié à estampiller les mots "Imagine Peace". Cette intervention minimale changera-t-elle quelque chose à la situation mondiale? Vous me permettrez d’en douter.

De nos jours, ce projet paraît éventé et mal expliqué par celle qui en est pourtant une des initiatrices et une des héritières. Dans le même esprit, le dalaï-lama a, quant à lui, réussi à amener ses idées dans le domaine de l’action concrète.

Alors, que reste-t-il de nos espoirs d’antan? Heureusement, une expo très bien montée. La mise en scène, signée Thierry Planelle, est impeccable, tout comme le travail de mise en contexte réalisé par Emma Lavigne. Une expo fort documentée sur une époque qui semble ne pas avoir su trouver les moyens de ses rêves. Un bilan où il manque cependant une salle sur l’évaluation des impacts de cette intervention (témoignages de politiciens, d’artistes…). Parce que la question doit être posée: ce bed-in a-t-il eu des effets réels sur des intervenants majeurs de notre société?

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