John Latour : Tour de passe-passe
Des images trafiquées sur le mur, des bouts de texte à moitié effacés, une chaise aux pattes manquantes gisant sur le sol… L’exposition Halcyon Daysze de John Latour (originaire d’Ottawa) pourrait paraître élémentaire au premier coup d’oeil, mais lorsqu’on s’y arrête plus longuement, le rassemblement d’éléments disparates finit par trouver tout son sens et se transforme, soudainement, en une belle et cohérente proposition…
À travers celle-ci, l’artiste laisse sa marque sur des objets tels des photographies trouvées, des petits meubles ou une horloge d’époque, démontrant sa volonté de les faire renaître de leurs cendres et de les dévoiler sous un nouveau jour. Ce qui est étonnant, c’est que le spectateur assiste de façon presque directe à la métamorphose, ayant accès à un univers très étrange, sorte de passage entre l’instant présent et un moment du passé. Cet état d’entre-deux est évident, par exemple, lorsque Latour recouvre de taches de peinture les personnages au centre des clichés (le spectateur croirait à une sublimation immédiate des protagonistes), ou qu’il reconvertit habilement une table en abri, faisant clairement mention de cette action par un titre (I Became a Shelter).
À cela viennent s’ajouter des extraits textuels masqués d’acrylique blanc, où sont laissés à découvert quelques mots qui formeront une nouvelle phrase (un clin d’oeil astucieux au jeu du cadavre exquis), et le visiteur quitte les lieux songeur, avec l’étrange impression d’avoir été victime d’un simple tour de passe-passe…
À voir si vous aimez / Marcel Duchamp, Rober Racine, René Magritte