Cindy Dumais et Mathieu Tardif : Ménage du printemps
Dans le capharnaüm d’un atelier de création où se côtoient peaux d’ours, poupées remodelées, banquette de voiture et objets détournés, une entrevue avec Cindy Dumais et Mathieu Tardif ne pouvait qu’être mémorable.
Selon Cindy Dumais et Mathieu Tardif, la résidence de création qu’ils ont partagée au Lobe aura été une véritable rencontre. Bien sûr, ils n’étaient pas inconnus l’un de l’autre, puisqu’ils sont amoureux dans la vie. Mais ils auront appris à se connaître différemment lors de la création de Scène de ménage.
Ceux qui s’attendent à des scènes de chamaille seront déçus. Les scènes de ménage présentées sont plutôt soft. Et s’il y a intimité, elle ne se trouve pas dans quelque autoreprésentation lubrique. Elle est toutefois bien présente, à la source même de leur projet. Au point où, pour Tardif, un tel duo n’aurait été possible avec personne d’autre. Sans la bulle de leur relation amoureuse, sans leur enfant à venir, le projet n’aurait pas été le même.
Il est vrai que la création en duo demande des sacrifices personnels qui peuvent parfois être favorisés par la proximité d’une relation amoureuse. Dumais semble avoir apprécié l’aventure parce qu’elle lui a permis de s’éloigner de ses propres champs d’intérêt: "Je me suis rendu compte à quel point on peut être loin de soi-même, et en même temps, à la fois en rupture et en continuité avec ses projets et ses idées."
Cet écart vécu par les deux artistes en regard de leur démarche respective a été permis grâce au centre d’artistes qui les accueillait. Dumais le souligne d’ailleurs: "Le Lobe remplit bien ce rôle-là. En proposant des résidences où ce sont des pratiques à risques, des projets casse-cou, il permet que tu te pètes la gueule…"
Les animations projetées pour Scène de ménage ont été créées selon la méthode de la rotoscopie, un procédé inventé en 1914 par Dave et Max Fleisher, souvent utilisé par Walt Disney, qui demande au créateur de calquer ses dessins sur des images filmiques. En tout, ce sont 760 dessins qui ont été exécutés par Dumais à partir de scènes captées sur les lieux de la galerie du Lobe, dans le décor qu’on peut encore y voir.
Le résultat est concluant. Devant une lessiveuse "pimpée", vous choisissez la température qui vous convient entre chaud/ensoleillé, ou froid/pluvieux. Puis, vous déterminez le cycle d’animation. Se mettront en scène dans l’espace de la galerie les personnages de Cindy et de Mathieu dans un univers de cahier à colorier, rappelant vaguement la simplicité assumée d’un Tricot Machine. Une exposition printanière à laquelle il ne manque que quelques couleurs pour être dans le vent.
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