Reno Salvail : D'un extrême à l'autre
Arts visuels

Reno Salvail : D’un extrême à l’autre

Le long voyage de Reno Salvail s’arrête à Séquence. Après une escale dans l’enclave d’un repos forcé, il reprendra ensuite la route des Rivières de feu.

Reno Salvail a commencé à construire la pyramide la plus grande qui existe, quelque part à l’intérieur même du globe terrestre. Déjà, trois de ses sommets affleurent à des endroits précis, sur les lieux de volcans identifiés par un système de géolocalisation par satellite. L’art, prétexte au voyage, est nourri à son tour alors que le voyage redevient prétexte à l’art. C’est une boucle créatrice riche qui, alimentée par la démesure des paysages et la violence des éléments, donne des images qui font grande impression.

À Séquence, l’artiste expose entre autres un journal de bord visuel de ce parcours qui l’a mené à découvrir les flancs de volcans où il était destiné à créer les bornes représentant les pointes de sa gigantesque pyramide. À mi-chemin entre la photo de voyage, la trace documentaire et l’oeuvre, les pièces permettent de suivre en images son expédition.

Sur son parcours, Reno Salvail aura toutefois été freiné par de graves problèmes de santé. Quand le corps devient une limite au voyage, le cheminement ne peut plus être qu’intérieur. Dans la geôle de son corps malade, l’artiste a dû redéfinir ses moyens d’expression, redécouvrant le dessin, qui ne faisait plus partie de sa pratique depuis le début de sa carrière.

Entre la planète tout entière et le jardin intérieur, les images percutantes des pérégrinations passées ont subsisté, mais leur traitement est devenu plus intime, empreint d’une fragilité nouvelle. Présente depuis longtemps dans le discours de Salvail, la vulnérabilité de l’environnement rejoint cette fois celle du corps: l’un comme l’autre demande soins et attention.

Les Rivières de feu est une exposition de tous les extrêmes, passant de la glace à la lave, du polaire au volcanique, de la plus secrète intimité au temple de la globalité. La mise en espace est généreuse – à l’excès, en particulier pour le journal de bord, qui aurait pu être épuré. Les oeuvres sauront faire écho chez quiconque se drape de cette fibre environnementaliste qui est à la mode cette saison.

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National Geographic