LORE : FolkLORE
L’exposition LORE explore la transmission de l’identité chez les premières nations par des artistes qui prennent le relais de la tradition orale, tout en ouvrant la porte à une nouvelle forme d’imaginaire.
Les histoires du passé, qu’elles soient véridiques ou légendaires, ont toujours été importantes pour les premières nations. Ces contes transmis grâce à la tradition orale ont aidé à façonner l’identité de ce peuple doué pour la création. Toutefois, la modernité tend à nuire à la passation de cet héritage parolier à la génération suivante, car une fois écrites, les histoires perdent leur nature évolutive et par le fait même, leur nécessité d’imagination.
"Les récits traditionnels sont chose merveilleuse, mais ils comportent un certain danger… car une fois que l’histoire est contée, on ne peut plus revenir en arrière. Une fois dite, elle court le monde en liberté", dixit Thomas King, un écrivain et érudit qui, par ses écrits sur le storytelling et les premières nations, fut l’inspiration de LORE.
C’est ce "danger", ce beau risque, qu’ont en commun les artistes Duane Linklater, Jason Lujan et Tania Willard, qu’a réunis Ryan Rice, le commissaire invité par la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s. "Ils utilisent différents médias, mais s’intéressent tous à la tradition orale chez les premières nations, explique-t-il. Par leur art, ils parlent un certain langage, avec une voix visuelle. Je les perçois comme des illustrateurs d’idées. Ce sont les artistes en arts visuels qui ont désormais le rôle de conter des histoires."
ART ONIRIQUE
La pièce maîtresse de cette exposition est sûrement la courte vidéo de Jason Lujan intitulée From One Dream to Another. Celle-ci prend des allures de rêve éveillé. "Le rêve est une forme de narration, selon Rice. Cette oeuvre est très contemporaine. Elle explore le temps et l’espace par ce qui peut être un conte de fées, une légende."
Quant aux huiles sur canevas de Duane Linklater, elles racontent une histoire basée sur des faits réels qui est perçue soit comme le kidnapping d’une femme blanche par un Amérindien, soit comme une histoire d’amour impossible entre ceux-ci. "C’est la perspective relationnelle qui a intéressé l’artiste, explique le commissaire. Il a voulu inverser les stéréotypes."
Les oeuvres de Tania Willard complètent l’exposition LORE. On y retrouve des références à la religion catholique, mais il y a différents leurres, car les divinités arborent des têtes de loup, de renard, de corbeau, de chevreuil, de hibou… "Il s’agit d’une comparaison d’histoires et de messages. Les deux sont pertinents; ils sont pratiquement les mêmes. En changeant les figures, ça souligne que nos histoires sont aussi importantes que les vôtres", précise Ryan Rice, digne héritier des premières nations.
LORE s’articule donc autour d’un dialogue entre trois "artistes-conteurs", mais les langages utilisés sont multiples. À nous de les traduire comme bon nous semble.
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