Howie Tsui et Sandra Meigs : Au-delà du visible
Les oeuvres de Howie Tsui et de Sandra Meigs ont en commun une thématique inspirée par la supposée existence des fantômes…
Deux expositions sont à ne pas manquer à la Galerie d’art de l’Université Carleton, soit celles de Howie Tsui (Ottawa) et de Sandra Meigs (Victoria, Colombie-Britannique). Les présentations plongent le visiteur dans des univers habités par, semblerait-il, quelques malins esprits, et même si les moyens utilisés pour évoquer leur point de vue sont ordinaires (dessin et peinture), le résultat reste tout de même convaincant.
Horror Fables, de Tsui, révèle une série complètement macabre avec une dizaine de compositions sur papier, quelques visages dégoulinants peints à même les murs et une bande sonore tirée de vieux films d’horreur japonais. Le tout se présente comme une sorte de théâtre parfaitement grossier, à la fois répugnant et cruel, mais suscitant aussi une forte curiosité. Avec une technique de dessin plutôt réussie, des illustrations comme Storm Spirits ou Tengu’s World constituent un brassage d’idées noires dévoilant sans censure des bêtes, des démons ou des dieux en train de commettre d’horribles crimes ou d’en être les victimes (un protagoniste semble enterré vivant, un deuxième est pendu à la branche d’un arbre, d’autres sont plongés dans une rivière de lave bouillante…). Bref, juste assez pour couper l’appétit, mais assez aussi pour découvrir la morale derrière les fables, par le lien qui les unit avec la réalité brutale d’aujourd’hui (génocides, 11 septembre…). Malgré de nombreuses références au passé (une imagerie asiatique traditionnelle, par exemple), le corpus reste pertinemment ancré dans le présent.
Chez Meigs cependant, l’approche s’inspire plutôt de la dimension psychologique des individus, avec des représentations organisées montrant des intérieurs de manoirs ou de quelconques résidences. Devant l’enveloppante dimension des tableaux, l’impression de vide qui caractérise chaque scène est faussée par la multitude d’yeux qui se cachent dans la verticalité et l’horizontalité des architectures, donnant au spectateur la possibilité de jouer allègrement avec les oeuvres… Les propositions sont amusantes et, pour ainsi dire, font preuve d’une agréable empathie envers celui qui prend le temps de bien les regarder.
À voir si vous aimez / Ed Pien, Angie the Barbarian