La vitesse et ses limites : Stop ou encore?
La vitesse et ses limites, c’est le sujet d’une expo au CCA. Apologie ou condamnation de la rapidité? Analyse de notre monde paradoxal.
Voilà un beau sujet d’exposition alors qu’on fête le centenaire des futuristes, ces artistes apôtres de la voiture de course, de l’avion, de l’accélération du temps, du désir d’être déjà demain pour le projeter dans le passé… C’est d’ailleurs par eux que le parcours commence au Centre Canadien d’Architecture (CCA), entre autres avec une copie de leur manifeste de 1909. Joli clin d’oeil lancé, en passant, dans le rétroviseur de l’Histoire. Mais cette question de la vitesse, de son apologie ainsi que de sa dénonciation dépasse de loin cet anniversaire et traverse toute la Modernité et notre monde actuel. Cette expo montre comment même l’architecture fut transformée par cette notion: accélération de la vitesse de construction, mais aussi de destruction des immeubles disparaissant en un clin d’oeil dans des dynamitages contrôlés…
Ici, on n’a pas voulu trancher dans le débat très piégé entre vitesse et lenteur. Bien des auteurs, philosophes ou simplement prêcheurs de la psycho-pop se sont emparés du sujet plus ou moins intelligemment. Le commissaire Jeffrey T. Schnapp expose avant tout l’ambiguïté de notre société, prisonnière de son désir de toujours faire plus vite pour sauver du temps…
Comme le disait le directeur du CCA, Mirko Zardini, en conférence de presse, cette exposition souhaite faire éclater l’idée qu’il n’y a qu’un type de vitesse. En effet, entre la cadence des conditions de production et la lenteur de nos gouvernements à réformer le système capitaliste, carburant aux profits rapides, il y a une distance énorme. J’aurais aimé que l’on insiste plus sur cela, sur les avantages de la vitesse et ses récupérations par le pouvoir, ainsi que sur les accélérations presque magiques des artistes, tel Kerouac qui tapait On the Road sur un rouleau de papier afin de ne pas ralentir le flux de sa pensée.
Depuis l’arrivée de Mirko Zardini en 2005, le CCA propose des expositions de très haut niveau. Ici, le système installatif, très dynamique, semble malheureusement prendre un peu le dessus sur le contenu. Il faut que vous preniez le temps de lire l’ouvrage qui accompagne l’expo et qui aborde un plus large éventail de thèmes. Il recèle une anthologie d’écrits sur le sujet, tel Le droit à la paresse de Paul Lafargue…
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L’exposition Actions: Comment s’approprier la ville