L’Art américain de 1850 à 1950. L’Époque de la maturité. : L’art est ici
L’Addison Gallery of American Art d’Andover prête une bonne partie de ses collections au MNBAQ jusqu’au 7 septembre. En tout, plus de 70 oeuvres, sculptures et peintures, s’exposent dans L’Art américain de 1850 à 1950. L’Époque de la maturité.
Disons d’abord qu’il s’agit d’un exemple parfait de la tradition des universités américaines: constituer au fil des années, surtout à l’aide de dons, un ensemble diversifié d’oeuvres de leurs meilleurs artistes. Cela n’empêche pas moins d’avoir un très bon aperçu de la production 1850-1950, présenté ici dans un parcours solidement construit proposant l’atteinte d’une "maturité" par l’invention de l’identité artistique américaine.
Il est finement expliqué dans le premier espace d’exposition comment cette maturité, hésitante d’abord, émerge peu à peu de la Hudson School, suivant parfois de trop près les grandes écoles européennes du paysage et toujours en lutte pour affirmer son originalité. Pour exemple, l’influence criante de l’école de Barbizon dans le ciel d’orage du Inness. Cette salle fait ainsi état de ce désir plus pressant d’authenticité avec quelques phares comme les Eakins et Remington qui éclairent la voie.
La seconde salle propose un constat pluriel de cette "époque de la maturité" riche d’oeuvres acclamées, de l’avant-garde jusqu’à l’abstraction géométrique. Que ce soit avec le très surprenant paysage de Man Ray de 1913 (un hommage à Kandinsky?), le suave Archipenko, l’aérien mais grave Calder, le puissant Stella, le cryptique Gottlieb et le lumineux Moholy-Nagy, vous serez étonnés, ravis. Il ne faudrait pas oublier les représentants de l’Ash Can School, dont les Hopper et Sloan sont de modestes mais beaux exemples. Dans l’ensemble, même si certaines articulations pourront paraître fragiles entre les sections, tout se tient avec une agréable rigueur.
On ne regrette que peu de choses mineures vu la joie qu’est cette exposition. Oui, c’est un peu dommage que la photographie américaine, si importante, ne soit pas représentée dans cette collection. Un Stieglitz ou un Steichen y auraient vraiment trouvé leur place. Aussi, pour les sculptures de la deuxième salle, on aurait aimé pouvoir, comme précédemment, faire le tour des pièces collées aux murs. L’espace réduit ne l’a peut-être pas permis, mais avec un design sobre, impeccable, on oubliera vite ce détail. Sinon, il aurait été heureux d’avoir un cartel par oeuvre afin de mieux saisir certaines pièces comme le Walt Kuhn qui, sans cela, tombent un peu à plat. Sincèrement, c’est une belle exposition d’été qui plaira à tous.
À voir si vous aimez /
Jackson Pollock vs Jean-Paul Riopelle, Thomas Eakins vs James Tissot!
L’ART EST AILLEURS
Parallèlement à cela, c’est le 250e anniversaire de la prise de Québec et le Musée souligne l’événement dans sa salle vouée à l’art actuel. Pour l’occasion, le "chef-d’oeuvre incontesté" de la peinture néoclassique, La Mort de Wolfe par Benjamin West (1770), aurait fait sensation à lui seul. Mais bien qu’il y ait trois versions de sa main en Amérique, on a battu en retraite en se contentant de la sombre copie de 1882 (par le regrettable Tomlinson) aux ternes coloris et sûrement tirée d’un original alors sale ou oxydé. Pourquoi devoir encore capituler? De fait, l’exposition sert surtout la copie et le multiple en opérant un repli didactique sur le document, tout en cherchant dans un art fait d’idéalisation la "vérité historique". Jusqu’au 13 septembre.
L’ART EST PARTOUT
Chez Lacerte jusqu’au 15 juin, vous pourrez voir l’exposition de sculptures d’aluminium minutieusement patinées de Jean-Pierre Morin, intitulée 22,5°. C’est tout près de chez Tzara, qui vous invite à Printemporel, sa dernière exposition collective jusqu’au 14 juin. À voir. D’autre part, une galerie qui surprendra, La Nef (750, côte de la Pente-Douce), expose jusqu’au 17 juin les travaux d’Isabelle Clermont. Joignez ces visites à l’incontournable annuel des finissants en arts visuels de l’Université Laval, Fabrique Factory, du 29 mai (vernissage à 17h) au 12 juin dans les locaux du quartier Saint-Roch. D’ailleurs, ne manquez pas la présentation-satellite des photographies de Marc-André Cossette, Petits Drames, chez VU.