Praxis : Laboratoire d’art
La galerie Praxis expose le deuxième bloc d’un projet de résidence d’art actuel ouverte sur le public. Trois artistes, trois réflexions en lien avec Sainte-Thérèse. Art in progress…
Praxis a pignon sur rue depuis 26 ans à Sainte-Thérèse, mais ce centre d’artistes autogéré en art visuel a pris une nouvelle orientation il y a quelques mois. Fini les expositions sur de grands murs blancs comme dans les galeries traditionnelles. L’espace sert dorénavant de laboratoire créatif. Et le but ultime est de tisser un lien plus fort avec les citoyens du coin. Le rapport? "Si l’art reste souvent confidentiel, ce n’est pas seulement de la faute du public. Les artistes ont aussi un travail à faire en allant vers eux", explique la directrice de Praxis, Geneviève Matteau.
Elle a imaginé une résidence de trois mois où trois artistes seraient invités à élaborer une oeuvre conceptuelle dans la localité. "On veut que le public puisse observer le processus créatif pour mieux comprendre l’art actuel. Au départ, on voulait même ouvrir les portes du laboratoire créatif après chaque journée de travail des artistes", raconte la directrice. Ce n’est pas à un vernissage ordinaire auquel est conviée la population le 4 juin. "C’est vraiment un work in progress qui sera exposé. On laisse les tables de travail et autres accessoires de création dans la pièce. On va même accrocher les courriels échangés entre les artistes lors du processus de création."
TROIS ARTISTES, TROIS OEUVRES, UNE VILLE
Depuis le mois d’avril, Mathieu Latulippe, Sylvie Coton et Yann Pocreau ont envahi Sainte-Thérèse à la recherche de l’inspiration. Le premier s’est intéressé à la fonction sociale du bénévolat, en offrant ses services à qui le voulait. Mais la méfiance des gens envers tout ce qui est gratuit l’a rapidement refroidi. Il a donc inversé les rôles: il a demandé aux gens de le prendre en photo pendant qu’il faisait semblant de faire du bénévolat. Il a ainsi posé 30 fausses bonnes actions. "Quand on voit le montage final, on a l’impression que je suis un super-héros du bénévolat; pourtant ce sont les gens qui m’ont finalement aidé et non le contraire", conclut l’artiste qui aime jouer avec les apparences.
Artiste de performance, Sylvie Coton n’avait aucune idée de ce qu’elle pourrait faire à Praxis en sortant de sa première rencontre. "En retournant chez moi ce soir-là, j’ai croisé le salon funéraire où avaient été exposées les cendres de ma cousine décédée il y a 15 ans. Puis je me suis rappelé qu’elle habitait tout près. Mon projet venait de naître", raconte la femme qui vient de passer plusieurs semaines dans la cuisine de la défunte pour créer à partir de ce deuil.
Yann Pocreau s’est quant à lui intéressé aux lieux historiques de Sainte-Thérèse. Accompagné d’un citoyen, il a exploré la lumière d’une église à l’aide de sa caméra. Il a ensuite soumis le résultat de ses essais à l’avis des citoyens. C’est la conclusion de ce sondage artistique qui sera dévoilée lors du cocktail du 4 juin.