Paysages Éphémères : Le bonheur est dans le parc
Arts visuels

Paysages Éphémères : Le bonheur est dans le parc

Cette année, Paysages Éphémères convie les badauds à voir la ville comme lieu de vacances potentiel. Survol de la programmation avec celui qui l’a imaginée, Stéphane Bertrand.

Signe des temps? Pure coïncidence? En cette année où bien des gens revoient leur budget vacances à la baisse et prévoient passer l’été non loin de chez eux, les organisateurs de Paysages Éphémères placent la 5e édition de cet événement d’art urbain sous le thème des vacances en ville! "Nous avons fixé le thème de l’événement il y a un an", nous dit son commissaire Stéphane Bertrand, qui refuse de jouer les devins. "Mais il y a là une ironie… Disons qu’on est tombé pile!"

Titrée Complet No Vacancy, la manifestation 2009 est en fait née d’un souvenir lointain: "Quand j’étais petit, se souvient Bertrand, mes parents ont dû rebrousser chemin parce qu’ils ne trouvaient pas d’endroit où loger durant les vacances, tous affichaient "No vacancy". Nous sommes donc rentrés en ville, et ça a finalement été mes plus belles vacances: j’avais trouvé des moyens de m’amuser autrement. C’est autour de cette image d’Épinal que les artistes et moi avons développé les projets."

Une idée féconde, qui a mené les artistes en question – artistes visuels, architectes, designers – dans des directions forcément différentes. Alors que Patrick Beaulieu a conçu Phare de ville, un dispositif de phares de voitures qui balaieront le parc des Compagnons de Saint-Laurent, Alexandre David propose Coin du banc, un objet mobile qui se déplace dans le même parc, s’y déplie et permet parfois aux passants de s’y asseoir. Yannick Pouliot, lui aussi intéressé par l’idée de mobilier urbain, prolonge avec Prendre place des voies explorées en galerie ces derniers mois en greffant à la table à pique-nique en béton dudit parc des chaises Thonet, ces chaises indissociables des cafés autrichiens et européens de la seconde moitié du 19e et du début du 20e siècle.

Ailleurs, place Gérald-Godin, on jettera un oeil par la fenêtre de l’une des deux maisonnettes de l’installation Voisins, de Francis Montillaud, dans lesquelles sera diffusé en boucle Neighbours, chef-d’oeuvre de Norman McLaren réalisé en 1952. "Cette présentation, explique le commissaire, est en lien avec la programmation de courts métrages non narratifs établie avec le groupe Dérapage. Les 2 et 6 juillet, sur le mur d’un immeuble près du parc, on pourra en effet prendre part à un petit ciné-parc de films d’art."

Ce ne sont là que quelques éléments d’un audacieux programme, qui se ramifie jusque sur les quais du métro de la station Mont-Royal et à l’intérieur de la maison de la culture qui lui fait face. Stéphane Bertrand, qui endosse le rôle de commissaire pour une deuxième année consécutive, ne doute pas de l’ouverture de la population. "Durant les années 80, l’espace public a été complètement délaissé. Il me semble clair que les gens, depuis quelque temps, ont envie d’en reprendre possession. Moi, ça me réjouit parce que j’ai toujours vu la ville comme le lieu d’une possible médiation directe entre les gens et la création artistique. Pas besoin de passer une porte pour entrer en contact avec l’art…"

On pourra laisser au hasard le soin de placer sur notre route ces paysages de l’éphémère, mais on préférera peut-être les visites guidées, proposées les samedis et dimanches à 14 h. Info: www.paysagesephemeres.com.

Du 2 au 26 juillet
Sur l’avenue du Mont-Royal
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