Deberdt : Rencontre de la 3e dimension
Arts visuels

Deberdt : Rencontre de la 3e dimension

Pas besoin de lunettes 3D pour apprécier les paysages géométriques et tridimensionnels de Deberdt. Une visite au Centre culturel Yvonne L. Bombardier suffit.

Parisien d’origine, Christian Deberdt a fait son entrée en peinture par la porte d’en arrière, mais son contexte familial lui avait déroulé le tapis rouge. "Moi, j’ai fait l’école des arts graphiques, explique-t-il avec bonhomie. Je n’ai jamais suivi de cours de peinture. Je peins comme mes frères, mes parents, mes oncles, mes cousins… Chez nous, on était tous des peintres." Ainsi, en 1976, après avoir pratiqué moult métiers, il décida de s’y consacrer à temps plein. C’est en 1981 qu’il déménagea son chevalet et ses acryliques en Estrie.

Sans perdre sa bonne humeur légendaire, Deberdt trouve difficile de ne pas pouvoir peindre ces jours-ci. "C’est depuis le mois de mars de l’année dernière que je tourne en rond, précise-t-il. D’habitude, je travaille énormément, environ 10 heures par jour." Quatre opérations majeures ont été nécessaires afin qu’il retrouve la santé. De petits tremblements l’empêchent de pouvoir s’exécuter avec la précision qu’impose sa technique. "Mais là, depuis un mois, j’ai recommencé à dessiner."

ENTRE L’OMBRE ET LA LUMIERE

Le style de Deberdt est un mélange d’hyperréalisme et d’abstraction. "Mes peintures sont comme des rêves. Que ce soit des natures mortes ou des personnages, il y a toujours ce côté clean, mais très rêveur." Certains ont qualifié sa peinture de réalisme onirique. "Les experts ont toujours cherché à me mettre dans un petit casier. Moi, je trouve ça marrant."

Quelques éléments reviennent dans les tableaux, mais la très grande majorité des paysages n’est pas inspirée par la nature des Cantons-de-l’Est. "En général, ça sort de ma tête, surtout les forêts, mais il y a quelques années, j’ai commencé à faire des paysages des environs. Toutefois, ça demeure la façon dont moi je les interprète."

Par des jeux d’ombre, les tableaux de Deberdt évoquent une période de la journée. "Au début, j’imaginais le soleil à gauche ou à droite. Maintenant, il est toujours en plein centre. Les deux côtés sont éclairés de la même façon. Ça balance mieux."

De cette façon, les toiles peuvent sembler symétriques au premier regard. "Or, c’est complètement le contraire. Ce n’est jamais pareil des deux côtés, pas le même nombre d’arbres, de branches, mais la quantité de couleurs est pareille à droite et à gauche."

3-DEBERDT

Ce qui fascine tout particulièrement dans l’oeuvre de Deberdt, c’est l’aspect tridimensionnel. "Au cours des 10 dernières années, j’ai beaucoup évolué là-dessus. C’est en me promenant sur les berges du Memphrémagog que j’ai réalisé comment je devais m’y prendre. Quand on regarde au loin, la première montagne a l’air plus nette, la deuxième est plus grise, la troisième aussi… C’est avec ce principe que j’obtiens la troisième dimension." Dans la rétrospective qui est présentée au Centre culturel Yvonne L. Bombardier, on peut donc aisément identifier les oeuvres récentes.

S’agit-il d’une concurrence au cinéma en 3D? "J’aimerais bien!" (rires)