John Ballantyne : Combler le vide
Arts visuels

John Ballantyne : Combler le vide

"Les artistes sont des mystiques avec un métier", selon le peintre John Ballantyne, pour qui l’absolu et le merveilleux se trouvent dans les détails.

Il y a dans l’oeuvre de John Ballantyne une certaine célébration de la quiétude que procure la vie rurale. Pour ce peintre au style hyperréaliste qui a quitté la ville pour habiter non loin de Sutton, la campagne est synonyme de liberté. "Ici, les espaces sont devant nous, décrit-il. Il ne faut pas les chercher, ils sont là."

Les scènes de ses tableaux sont bien souvent désertes, mais pour l’artiste, peindre le vide implique une grande évocation d’humanité. "Les vides permettent aux spectateurs de créer leurs propres expériences. De plus, je m’intéresse aux bâtisses construites de façon artisanale, sans machines, par les gens qui les ont habitées. Je veux jouer avec cette émotion."

Il y a également un caractère archivistique dans les tableaux de Ballantyne, car ceux-ci témoignent de l’architecture d’une certaine époque, d’un certain coin de pays. "C’est devenu un choix, mais avant, ça correspondait tout simplement à ce qui m’entourait."

"Le vrai sujet de mes tableaux, le sujet caché, c’est la lumière, poursuit-il. Lorsque le soleil sort, il change tout. C’est une métaphore. Quand la lumière entre par une fenêtre, ça représente quelque chose de plus important que notre vie de tous les jours." D’ailleurs, dans les oeuvres récentes de l’artiste, on peut remarquer que le traitement de la luminosité est légèrement différent. "Je réussis mieux qu’avant à rendre l’impact du soleil. Avant, c’était trop direct. Maintenant, c’est davantage émotionnel."

Selon Ballantyne, ses peintures d’escaliers sont également métaphoriques. "Ça évoque l’échelle de Jacob, un lien direct entre la terre et le ciel. Pour moi, les escaliers montent vers l’inconnu et ça me fascine."

Pour les spectateurs, le plus fascinant demeure tous les petits détails à découvrir dans les oeuvres de Ballantyne. "Quand j’entre dans le détail, ça devient surréel. Avec nos yeux, on fait une sélection visuelle. Dans un tableau, on n’a pas le choix de tout voir."

Dans les années 80, l’artiste s’est permis quelques autoportraits qui détonnent du reste et qui furent réalisés non pas par amusement ou par défi, mais pour faire taire les mauvaises langues. "Certains pensaient que je ne pouvais pas peindre les humains, que c’était une faiblesse. J’ai donc fait ces autoportraits et je suis ensuite retourné à ce que j’aime."

LA QUÊTE DE LA PURETÉ

Au cours de sa carrière, John Ballantyne a dû délaisser la technique de la détrempe à l’oeuf au profit de l’acrylique. "L’acrylique, c’est une Chevrolet. Il y en a partout et c’est facile. La détrempe à l’oeuf, c’est une Rolls Royce. J’adorais cette technique, mais c’était difficile de trouver les pigments purs. Il m’est arrivé de devoir attendre plus d’une année pour obtenir une couleur."

"Un jour, je suis allé à New York pour trouver mes pigments de couleurs, se rappelle-t-il. À mon retour, aux douanes, l’agent m’a demandé ce que je rapportais et j’ai dit: "Des poudres pures." Il a tout envoyé à Ottawa pour faire faire des études (rires)."

La quête de la pureté est pleine d’embûches. Une chance, Ballantyne a la patience requise.