Goodwin, Hurlbut et Vidéomusique : Musée multiforme
Arts visuels

Goodwin, Hurlbut et Vidéomusique : Musée multiforme

Goodwin, Hurlbut et Vidéomusique sont à voir au MAC. Trois générations de création s’y entrecroisent. Plusieurs mandats complémentaires pour un musée postmoderne.

Il faut absolument agrandir le Musée d’art contemporain (MAC). Il faut pouvoir présenter en permanence des jalons de sa collection (composée d’oeuvres importantes de notre histoire). Il faut aussi pouvoir exposer des artistes vivants déjà reconnus, en plus de donner carte blanche à de jeunes artistes et commissaires (dans une structure plus proche du centre d’artistes, comme cela se fait au Palais de Tokyo à Paris). Voilà les trois mandats qui doivent être remplis à l’année par ce musée, mandats vitaux pour les arts visuels au Québec (mais qui ont aussi un impact sur l’industrie du tourisme). Étrangement, ce constat émerge en visitant l’expo Betty Goodwin qui a lieu ces jours-ci.

Il aurait été impensable que le MAC ne monte pas cette expo-hommage à Betty Goodwin, morte en décembre dernier. Mais aurait-il fallu ne pas présenter les autres artistes prévus? Certes non. Du coup, cet été au MAC, il a fallu couper dans la présentation des oeuvres de sa collection, pourtant essentielle afin d’assurer un rayonnement de notre histoire auprès du public québécois et des touristes. À cause de son espace restreint, ce musée se trouve à gérer des dilemmes qui ne sont plus acceptables au moment où Toronto nous vole la vedette.

Cette expo Goodwin, impeccablement montée (avec des salles plus petites bâties spécialement pour les séries et les petits formats), permet de célébrer une de nos grandes créatrices. Le MAC nous y montre 45 des 51 Goodwin qu’il possède. Des pièces majeures (Tarpaulins, Vests, Nests, Nageurs…) de chacune des époques de sa création y sont offertes jusqu’à l’automne aux visiteurs, touristes et étudiants. Il est à espérer que l’époque que Goodwin incarne ne soit pas la fin d’une ère de gloire artistique pour notre ville. Jusqu’au 4 octobre.

HURLBUT ET LE RYTHME DES GÉNÉRATIONS

Il était aussi nécessaire de présenter une nouvelle acquisition du MAC, une pièce importante de l’artiste Spring Hurlbut (née en 1952) composée d’une centaine de berceaux et lits métalliques centenaires. L’esthétique de cette installation ("spectaculaire et intimiste", nous dit le catalogue), intitulée Le Jardin du sommeil (1998), semblera peut-être déjà ancienne. Ce type de présentation très méthodique, avec son éclairage pauvre, souvent repris au théâtre, traitant de la mémoire, a été remplacé depuis par bien des modes… Il est néanmoins ici incarné dans une oeuvre marquante. Jusqu’au 7 septembre.

CLIPS AU MAC

Pour une quatrième année, le MAC poursuit son cycle de présentation de vidéoclips, dont certains innovateurs. Il faut entre autres remarquer celui de Radiohead pour lequel aucune caméra vidéo ne fut utilisée. En effet, pour House of Cards, le réalisateur James Frost a utilisé un système de scanneurs laser. Impressionnant. Vous devrez aussi porter attention aux clips de Vincent Morisset qui a travaillé avec Arcade Fire et City and Colour.

Ces vidéos sont présentés au sous-sol du MAC. Afin de remplir un mandat plus actuel (dans tous les sens du terme), pensera-t-on un jour à ouvrir des salles (ou annexes) donnant sur les rues du centre-ville?

À voir (avant tout) si vous aimez /
Betty Goodwin

Betty Goodwin:

Spring Hurlbut:

Vidéomusique: