Pour son blockbuster d’été, la Galerie SAW va à l’encontre de la norme. Au lieu d’une exposition trop universelle comme celles habituellement organisées par les institutions en cette période de l’année pour attirer un grand nombre de touristes, le centre a ici misé sur un contenu original et surtout, très peu abordé dans le contexte de l’art actuel. Animal House: OEuvres d’art réalisées par des animaux constitue une rare occasion de saisir des points de vue divergents sur un vaste sujet, avec des artefacts de toutes sortes (peinture, musique, vidéo) susceptibles de lancer un débat piquant et bien étoffé à l’ère où la faune mérite une criante attention.

Divisée en trois volets, la rétrospective examine les thèmes de l’art animal, de la créativité des animaux dans la nature et des collaborations qui ont été établies entre humains et animaux. Petits et grands seront fascinés de voir des oeuvres créées par des chimpanzés, des éléphants et même une tortue, et le matériel didactique les accompagnant (textes, coupures de journaux) permettra habilement de soulever les questions d’ordre éthique liées à la triste mais réelle exploitation de ces bêtes. Comme l’indique le commissaire Stefan St-Laurent dans son catalogue, le marché de l’art animal occasionnerait des revenus de près de 100 millions de dollars par année (!), et cette tendance, avec le temps, pourrait même en venir à dépasser la machine lucrative qui fait rouler l’art humain. Qui l’aurait cru?

Par ailleurs, des sculpteurs tels Karina Bergmans ou Ainsley Walton ont été invités à reproduire des objets fabriqués au départ par l’espèce animale. L’imposante termitière de sable et de ciment au milieu de la salle ressemble à s’y méprendre aux vraies aperçues en photo, mais ne pourra finalement pas être convenablement habitée par les insectes. L’hommage rendu par les artistes aux véritables bâtisseurs de la nature s’avère une humble leçon de vie, l’instinct animal l’emportant sur la perspicacité humaine. À quand les équitables rapprochements entre les deux parties? La troisième section de la présentation vient sans contredit introduire et privilégier cet ordre d’idées; reste au spectateur à en saisir les balises (contexte respectueux, relation d’égal à égal…) et à agir conséquemment…

À voir si vous aimez /
L’exposition Photos de l’année de la faune canadienne au Musée canadien de la nature, Olly & Suzi