Peinture fraîche et nouvelle construction : Artistes de demain?
Peinture fraîche et nouvelle construction réunit 39 jeunes artistes-étudiants. L’expo (qui s’achève samedi) permet de faire un survol de la jeune création au pays.
Cinquième édition de Peinture fraîche chez Art Mûr. Depuis l’été 2005, cette galerie réunit de jeunes artistes étudiant à l’université. Il y a quatre ans, le projet ne comportait que cinq créateurs de Concordia, cette année, il y en a 39, issus de 8 universités (Concordia, du Québec à Montréal, Laval, d’Ottawa, York, Western Ontario, Waterloo et Nova Scotia College of Art and Design). Et puis l’événement s’est enrichi d’un volet sculptural (d’où l’ajout dans le titre des termes nouvelle construction).
Un bilan de la jeune création au pays? Dans cette exposition dédiée avant tout à la peinture, c’est étrangement la sculpture qui vole la vedette.
Vous y remarquerez entre autres un type de sculpture très proche de la tendance exposée dans Unmonumental au New Museum de New York, il y a maintenant un peu plus d’un an. Vous y verrez plusieurs oeuvres fragiles, souvent de petite taille, faites de bric et de broc, de matériaux pauvres… Tel est le cas de la pièce Primitive Paper de Christopher Lindsay, composée de minuscules morceaux de pulpe de papier (évoquant des dégoulinades de peinture) suspendus à des structures filiformes de métal enfoncées dans des montants de bois… L’artiste y développe un discours plus fort que dans sa sculpture Psyche (qui fait trop penser aux structures de métal que Calder a faites à une certaine époque). Cette esthétique avec des matériaux pauvres est aussi très originalement développée dans une partie de la production de Jaime Angelopoulos, dans ses petites bricoles formées de morceaux de bois et de tissus, de rubans, d’élastiques… Dans cet esprit, vous noterez aussi les sacs à déchets de diverses couleurs découpés en lanières de Jessica Blackwood.
Vous constaterez aussi la présence d’une esthétique néo-pop-art (qui ressurgit périodiquement). Dans cette veine, François Raymond se défend bien et sait captiver l’attention du spectateur. Sa boîte de Tight, extra beigissant (qui reprend les boîtes de savon de Warhol) et son Green Gaz Giant (sorte de géant vert versant du biocarburant) attirent l’attention. Très drôle est aussi son Arrosoir à faux gazon, enfermé dans une boîte de plexi. Son gazon parfait et mort, à l’abri de tout contact humain qui pourrait en abîmer la surface, évoque ces quartiers riches ou ces banlieues aseptisées.
Côté peinture, vous remarquerez un tableau de Sean Montgomery intitulé Six Pack, qui reprend le motif de la bière Molson Canadian, épuré de son lettrage. Du coup, ce logo devient comme un motif abstrait tout à fait moderniste. Dans le même ordre d’idées, Alistair Rance fait une peinture qui dialogue avec l’art abstrait, mais gestuel. La trace de peinture développée en motifs concentriques s’y dévoile comme un des cadres dont le tableau semble vouloir sortir. Les encres et aquarelles de Catherine Lane sont aussi à noter (même si elles peuvent faire un peu penser au travail d’Adrian Norvid). Il faudra noter en particulier ses papiers découpés formant divers objets, dont un poste de radio…
À voir si vous aimez /
Les expos Complot et Collision