Above and Below : Utopie muséale
Above and Below met en doute le bien-fondé de notre manie de collectionner pour faire état de ce que nous sommes à une époque donnée.
Réunissant des oeuvres d’artistes canadiens et internationaux, l’exposition Above and Below se déploie autour d’une réflexion menée par la commissaire Vicky Chainey Gagnon, conservatrice de la Galerie d’art Foreman, quant à ce qu’est le musée à l’ère postmoderne. Le fait de collectionner pour la mémoire commune serait-il une grande utopie muséale? Les quelques citations peintes aux murs de la galerie vont en ce sens: "On collectionne des objets pour la mémoire, parce qu’ils signifient quelque chose au moment présent. Or, on les retrouve ensuite au musée et la signification n’est plus la même car ils trouvent de nouvelles résonances."
Collectionner réfère également à la notion d’habiter l’espace par l’accumulation. Above and Below s’intéresse à cette idée. Dans le Cabinet de curiosité de Martha Fleming et Lyne Lapointe, des objets épars créent une ambiance austère par leur cérémoniale disposition dans une bibliothèque protégée d’un grillage. Le tout semble sorti d’une étrange fouille archéologique effectuée à une autre époque. C’est un petit musée en soi. L’installation d’Irene F. Whittome propose quant à elle des objets à l’allure primaire scellés sous verre, d’immenses tiges enveloppées de cordages et de tissus. Ce processus de création, qui exige une répétition dans le geste, renvoie à la momification, à ce souhait de conserver les objets dans le passé, voire de vivre éternellement. L’utopie rôde toujours.
SIMULACRES DE RÉALITÉ(S)
Le caractère ludique et précieux des éléments de la série La Sirène, l’Âne et le Bouleau de Véronique La Perrière M. en fait l’oeuvre maîtresse de cette exposition. Une réflexion sur l’identité sublime l’idée d’accumulation, que ce soit par ce collage de portraits qui prennent l’allure d’une robe que porte une triste dame avec un miroir à la main, ou encore par ce petit "coffre qui contient neuf des dix choses à rassembler pour devenir la personne que vous avez toujours voulu être" ("un secret terrible dans une enveloppe cachetée" et "une carte postale d’une personne que vous ne reverrez jamais" font partie de la liste). Above and Below est également soutenue par l’idée de cycle, qu’on retrouve entre autres dans la vidéo d’Adam David Brown qui suit en accéléré les différentes phases lunaires et qui souligne que le temps qui passe peut impliquer un symbolique renouveau.
Sans ébranler les fondements muséaux, la réflexion que suscite Above and Below est d’un grand intérêt et sert d’avertissement: vouloir faire état du passé implique des leurres, car ce qui était alors porteur de sens ne devient que simulacre d’une réalité révolue.
Lancement du catalogue
Le 9 septembre à 17h
À voir si vous aimez /
La sculpture contemporaine, le dessin et la vidéo