Dominique Pétrin : Culture Club est toujours vivant
Arts visuels

Dominique Pétrin : Culture Club est toujours vivant

Au secours! Dominique Pétrin met en scène notre fascination actuelle pour les années 80 et son esthétique kitsch. L’empire du fluo contre-attaque.

Son expo porte l’étrange nom de Panthéon Pétro. Cela pourrait évoquer une forme de temple humoristique (caustique?) élevé à l’industrie pétrochimique. Le texte explicatif de cette expo y fait explicitement référence. Et les couleurs intenses et peu naturelles qui y sont utilisées pourraient faire allusion à la palette chromatique réinventée par cette industrie. L’artiste, Dominique Pétrin, nous dit son fort intérêt pour ce domaine. Dans son C.V., on peut même lire qu’elle a obtenu un baccalauréat en sciences pétrochimiques de l’Université de Leningrad… Le ton est donné.

Ce titre pourrait aussi tisser un lien avec son nom (Pétrin-Pétro), dans une sorte d’auto-célébration de l’artiste, comme le fait, entre autres, Simon Bilodeau. Nous pourrions aussi y voir une référence à la pierre, un des matériaux conventionnels du sculpteur, ici repris avec dérision dans quelques formes faites de papier d’où émergent diverses banderoles colorées (symboles de l’extraction multiforme qu’opère la science sur les matériaux bruts).

Mais en fait, cette expo aurait plutôt dû s’intituler Panthéon Rétro. Il s’agit en effet d’une sorte de mausolée aux années 80, au style le plus kitsch que cette époque a pu nous donner. Les couleurs vives, acides, fluo, alors tellement à la mode (et qui reviennent depuis quelques années!), s’affichent partout dans la galerie, sans pudeur. Pour les plus jeunes, l’ensemble fera penser au générique de l’émission de télé Génération 80 (à MusiMax), pour les plus vieux, il évoquera le décor même de MusiquePlus (celui d’il y a près de 25 ans), ou les vidéoclips de Hall and Oates, de Grace Jones ou, pire, de Boy George… Motifs de panthère (rouge et noir) sont présents ici et là. Ailleurs, vous aurez droit à de faux motifs de coups de pinceau, à de faux brossages imprimés, comme on en faisait lors de la sortie des premiers logiciels de dessin. Attention aux yeux et au bon goût, ça brûle la rétine et déstabilise le jugement. Des motifs d’oiseaux, des sérigraphies de perroquets sont partout et rajoutent (comme si cela était nécessaire) des touches de couleur supplémentaires. Pour amplifier le kitsch, des sons d’oiseaux sont diffusés à l’extérieur de la galerie.

Voilà une esthétique avec laquelle je ne suis pas sûr de vouloir me réconcilier, même si je sais qu’elle est ici montrée à la fois avec sérieux et beaucoup d’ironie (ambiguïté postmoderne oblige). Néanmoins, je vais continuer de surveiller avec grand intérêt le travail de cette artiste. Dominique Pétrin a su développer son propos dans une structure très contemporaine, en créant une installation où l’intervention artistique se présente avant tout comme un papier peint (des sérigraphies collées sur le mur), où l’objet semble avoir presque disparu.

Signalons que Dominique Pétrin réalisera une performance le 20 septembre prochain dans le cadre de l’événement Viva! Art Action (qui se déroulera du 17 au 26 septembre).

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