Peter Boyadjieff et André Martel : Bonne leçon
Peter Boyadjieff et André Martel, au Centre d’exposition l’Imagier, exposent chacun un corpus inspiré de la nature, avec les réflexions sensées qui les accompagnent.
La nature d’aujourd’hui sera-t-elle la même dans 10 ans? En pénétrant dans la galerie principale pour se familiariser avec l’exposition Artefact pour maintenant d’André Martel, le spectateur pourrait s’imaginer trouver réponse à cette question. Au mur et au sol, les étranges sculptures construites par l’artiste se dressent tels des objets de culte sur lesquels l’observateur, s’il se trouvait une décennie plus tard, pourrait facilement verser quelques larmes. À la fois imposantes et sophistiquées, parcimonieusement assemblées avec des objets trouvés et des matériaux comme du plexiglas, de l’aluminium, de l’acier et du verre, ces structures ont de quoi le faire méditer, puisqu’au coeur de chacune d’elles sont reconnus des éléments empruntés à l’environnement (bois de grève, cônes de pin, samares d’érable), mis en évidence sur un bout de tige métallique ou placés fort précieusement sous verre. Si ces substances naturelles s’apprêtaient à disparaître pour de bon, Martel les aura habilement montées sur un piédestal afin d’en assurer la conservation, en faisant du même coup un pied de nez insolent à celui ou à celle qui les aurait peut-être crues sans importance aujourd’hui…
Puis dans la mini-galerie, les estampes numériques de Peter Boyadjieff parlent à leur tour dans un tout autre registre. Délicates et menues, à l’apparence fragile et raffinée, elles semblent entièrement à l’image de l’iconographie projetée: un papillon aux ailes lacées, des trèfles à quatre feuilles entassés dans une boîte de sardines, une bouteille dans le sable renfermant les secrets bien gardés d’un téléphone cellulaire… Autant de métaphores sans prétention capables de transporter dans un univers utopique ou rêvé. Le traitement et les sujets choisis par Boyadjieff possèdent une résonance poétique captivante, et font adroitement miroiter l’espoir qui devrait être associé au sort de la planète. Un réseau d’autoroutes où serait cultivée une éclatante verdure, ou encore une hache à repousse d’arbre fendillant un tronçon de bois, toutes s’avèrent des réflexions réjouissantes dans le contexte actuel plutôt morose…
À voir si vous aimez / Osmo Rauhala, Guy Laramée