Sagamie : Triste oublié
Arts visuels

Sagamie : Triste oublié

Le Centre Sagamie d’Alma a été victime d’une triste omission lors de notre dernier spécial de la rentrée culturelle. Rajustons le tir, et faisons le tour du propriétaire…

En y entrant, il faut passer par l’atelier, un véritable laboratoire informatique encombré d’immenses imprimantes et de machines innommables. Sur place, trois employés s’affairent devant leur écran; Étienne Fortin, Mathilde Martel-Coutu et Émili Dufour semblent imperturbables. Près de cette dernière a pris place Annie Baillargeon – parmi les plus beaux fleurons de la relève en arts visuels québécois -, venue travailler sur un projet de publication et préparer une exposition qu’on pourra voir en octobre dans l’Espace Laliberté de Sagamie. Mais d’abord, on peut visiter l’exposition La Résurrection / Les Enfants de la symétrie brisée, de Matthieu Brouillard.

En 10 ans, 500 artistes sont venus au centre pour profiter d’un programme de résidence d’une semaine permettant de s’approprier les outils de création numérique et de démystifier l’utilisation de certains logiciels de traitement de l’image pour les intégrer à leur propre pratique. Pour plusieurs d’entre eux, il s’agissait d’un baptême. Nombreux sont ceux qui ont continué dans cette veine.

Contrairement à la grande majorité des centres d’artistes autogérés, qui soutiennent les artistes pendant la durée de leur séjour entre leurs murs, Sagamie se vante de s’inscrire dans le développement de leur carrière, de permettre aux créateurs de découvrir la liberté de transformation qu’offre l’ordinateur. "Nous avons ouvert des portes, développé un marché. Nous gardons contact avec plusieurs artistes qui sont venus chez nous. Chacun devient un ambassadeur", affirme Nicholas Pître, directeur du centre situé à Alma.

Au cours des dernières années, le centre Sagamie a investi près de 100 000 $ dans ses installations, dont un peu plus de la moitié pour un unique copieur, une machine permettant la production de livres. À ce jour, plus de 50 projets de publications sont en cours ou à venir, avec autant d’artistes. Plutôt que de produire de simples catalogues d’expositions, l’objectif est de documenter l’art et de publier des ouvrages qui sont des oeuvres en soi. Bientôt distribuées par Édipresse grâce à une entente intervenue entre le distributeur et le Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec (RCAAQ), les publications de Sagamie Éditions d’art (dont la plus récente, Débâtir la ville, de Marie-Hélène Leblanc et Ève Breton-Roy) profiteront sous peu d’une plus grande visibilité.

Même si le centre est subventionné par le Conseil des arts et des lettres du Québec, les fonds nécessaires pour produire les publications – de l’ordre de six par année – et pour fournir un cachet aux artistes exposant dans sa galerie proviennent exclusivement de revenus autonomes. Il s’agit là d’un juste retour de balancier, puisque la clientèle du centre d’impression est constituée à 90 % d’artistes professionnels.