BGL : Bonne fête, BGL!
L’esprit chez BGL est à la célébration? En guise de (faux) anniversaire, le trio de Québec nous offre un survol de sa carrière et de ses manières de faire.
BIO BADINE POUR TAQUIN TRIO
Depuis 14 ans, alors qu’ils sortaient à peine de l’enfance, les jeunes artistes du trio BGL (Jasmin Bilodeau, Sébastien Giguère et Nicolas Laverdière) développent une oeuvre originale et décapante. BGL est maintenant reconnu au Canada et à l’étranger (ayant été exposé en Argentine, à Cuba, en Espagne, en Grande-Bretagne). Bientôt, peut-être l’île de Pâques ou la Mongolie intérieure…
Au Québec, où l’on juge de la valeur de nos artistes par leur reconnaissance à l’étranger, ce sera la consécration suprême. Un jour, honneur ultime, ils auront une de leurs oeuvres ou (s’ils se mettent à écrire) un de leurs poèmes lancés dans l’espace… Mais, étrangement, le trio était absent du Moulin à images de Robert Lepage, qui pourtant intégrait une sélection d’artistes contemporains fascinante et où même le grand Duplessis (qui a fait tant de bien au Québec) avait sa place… Avec une attitude bon enfant, presque d’adolescents attardés, les gars de BGL effectuent néanmoins une réflexion profonde sur notre monde contemporain et sur la condition de l’artiste, sans tomber dans le misérabilisme.
Vous l’aurez compris, chez BGL, l’humour est contagieux, à la fois outil de séduction et arme pour ruiner les conventions, même celle de la biographie et de la commémoration.
QUEL BILAN POUR LA POSTERITE?
J’aurais pu vous parler du travail de BGL en évoquant sa réflexion sur l’écologie, sur la transformation du paysage, sur l’utilisation de matériaux recyclés… Au sous-sol de la galerie, une étrange usine à sapins vert fluo évoquant le plastique va dans ce sens. Et le titre de l’expo, Postérité, parle en partie de cela. Que laisserons-nous aux prochaines générations? Beaucoup de gaspillage et de déchets…
Mais sa plus récente expo va beaucoup plus loin. Elle porte un regard sur l’image de l’artiste et sur la célébration de son travail. Au premier étage de la galerie, vous pourrez voir une sorte de marché aux puces, sorte de (faux) atelier d’artiste, entrepôt d’oeuvres et de documentation. Ne vous attendez pas à y voir le génie à l’oeuvre, les mystères de la création sacralisés, mais plutôt le quotidien dans sa plus grande banalité. Cela tient plus du bazar, où la bébelle côtoie la gogosse.
BGL a une capacité à ruiner l’image de l’artiste digne des dadaïstes ou de Manzoni (qui mit en conserve sa propre merde pour se moquer de l’ego de l’artiste et des collectionneurs). Dans l’affiche de cette expo, BGL se représente comme un groupe d’amuseurs publics faisant des ombres chinoises avec leurs pieds, comme le très célébré et oublié silhouettiste Chassino… Leçon sur la célébrité?
Bon, bon, 14 ans de création et de réussite, cela se fête, non? Comme le remarque, dans le plus récent numéro de la revue Esse, la critique Marie-Ève Charron (citant l’historien Pierre Nora), nous vivons dans des sociétés atteintes d’une étrange maladie, la "boulimie commémoriale". Et BGL sait jouer de ce thème en s’en moquant.
Bonne fête, BGL!
À voir si vous aimez /
Valérie Blass, Mathieu Lefèvre et Maurizzio Cattelan