Gabor Szilasi : Revisiter Szilasi
Le travail de Gabor Szilasi, un pionnier dans le style documentaire photographique, est à l’affiche cet automne au Musée des beaux-arts du Canada.
En 1999, une exposition mettant en vedette la pratique photographique de Gabor Szilasi prenait place dans l’édifice abritant le désormais regretté Musée de la photographie contemporaine, juste à côté du Château Laurier. De mémoire, la présentation comptait une bonne quarantaine d’ouvrages, dépeignant des façades commerciales ou domiciliaires, des intérieurs de maison ou de simples individus dans leur décor journalier. Dix ans plus tard, au MBAC, L’Éloquence du quotidien reprend volontiers plusieurs de ces clichés, tout en paraissant bien sûr plus étoffée puisqu’il s’agit tout de même d’une rétrospective, amenant cependant avec elle la plaisante sensation d’avoir déjà été là et de retrouver, dans le sens le plus intime du mot, des lieux et des personnages familiers, saisis de façon naturelle et terre-à-terre par l’artiste.
C’est que le Hongrois d’origine, depuis les années 1950, se plaît à capturer sans artifice les paysages, l’architecture et les gens qui l’entourent, que ce soit à Budapest, dans les régions rurales du Québec ou à Montréal, sa ville d’adoption. La récapitulative est d’ailleurs habilement divisée en ces trois thématiques géographiques, plaçant aussi dans un contexte évolutif sa démarche particulière qualifiée par plusieurs de documentaire, réaliste et humaniste.
Par ces attributs, les images devraient donc pouvoir parler d’elles-mêmes (et c’est ce qu’elles font, dans l’ensemble), avec comme seul indice leur titre d’accompagnement. Mais le visiteur se considérera comme chanceux si quelqu’un lui rapporte l’historiette rattachée aux vignettes, puisque c’est leur mise en contexte qui, semble-t-il, les rend d’autant plus intéressantes. En conférence de presse, Szilasi soulignait, en pointant une épreuve arborant une foule en attente de grimper à bord d’un autobus de la ville, "qu’il avait neigé pendant des heures déjà, et que, ironiquement, les cols bleus avaient décidé de poursuivre le piquet de grève cette journée-là". Facile de sourire à la vue de l’image en question…
Organisée pour souligner le 81e anniversaire de naissance du photographe, l’exposition parvient aisément à faire saisir le caractère humain inné à l’ensemble de son oeuvre.
À voir si vous aimez / Malak Karsh, Henri Cartier-Bresson