Scott Duncan : Paysages manufacturés
Les ports de mer constituent-ils de simples installations industrielles destinées à des fins commerciales, ou peuvent-ils aussi être considérés comme de précieux sites paysagers? Scott Duncan, dans son exposition Global Prosperity, à l’affiche à AXENÉO7 jusqu’au 22 novembre, pose la question en présentant au visiteur un sujet dont la pertinence grandit au fur et à mesure que ce dernier se familiarise avec ce qui lui est proposé.
Ainsi, trois séquences vidéo exposent simultanément l’activité journalière de trois ports de commerce différents, montrant à quel point la distance qui les sépare (l’un est situé à Montréal, l’autre à Rotterdam, le troisième à Los Angeles) ne change en rien l’animation et la fébrilité caractéristiques de ces lieux de transition. Autre fait notable: la présence humaine, pourtant le moteur de ces industries d’échange, est très peu représentée dans ces enchaînements filmiques, le visiteur n’y voyant que des traces subtiles de civilisation (graffiti d’un visage attrapé de façon furtive par la caméra, camions transporteurs à l’ouvrage, etc.) le laissant réfléchir à la question.
Seul le commentaire de l’inspecteur d’un port californien vient mettre en lumière ce qui se cache derrière la rigide façade de ces plates-formes marchandes, avec des réflexions dont personne ne pouvait vraiment soupçonner l’existence: peur d’attaques terroristes, questions environnementales, conditions des travailleurs sur les bateaux… Bref, à travers la vision de l’artiste nous est transmise une réalité humaine et éloignée, pourtant essentielle à notre survie et peut-être trop souvent tenue pour acquise.
À voir si vous aimez / Edward Burtynsky, Pascal Grandmaison