Tacita Dean et Francine Savard : La quête du sens
Arts visuels

Tacita Dean et Francine Savard : La quête du sens

Au MAC, Tacita Dean offre un moment de recueillement sur le sens de la vie et Francine Savard propose une oeuvre tentant de réfléchir aux rapports texte-image.

Le 29 août 1952, John Cage réalisait sa première composition silencieuse. Durant 4 minutes 33 secondes (c’est le titre de la partition), le musicien David Tudor "interpréta" cette pièce, assis devant son piano sans jouer une note. Des haut-parleurs rediffusant les bruits de la salle donnaient à entendre le lieu du concert et le public (à l’écoute des conditions d’écoute).

En 2007, l’artiste britannique Tacita Dean a demandé au danseur Merce Cunningham de mettre en scène cette oeuvre sonore avant-gardiste. Le résultat est une installation de six écrans où sont projetées des images de Cunningham assis, presque impassible. Seuls les bruits des projecteurs de films (technique un peu désuète) et du studio sont audibles. L’ensemble possède une présence indéniable. Cette installation prend un sens encore plus profond quand on sait que Cage, mort en 1992, fut le compagnon de Cunningham durant cinquante ans, et que ce dernier est mort en 2009. Elle devient une oeuvre sur la vieillesse (Cunningham était alors en fauteuil roulant), la mort, la perte, la nécessité d’écouter la vie même si elle semble ne mener qu’à l’absurdité de la mort. Poignant.

Citer n’est pas expliquer

Francine Savard réalise une oeuvre conceptuelle qui traite de l’écart entre texte et image, forme et fond. Un exemple: dans La Pharmacie de Platon, Savard indique sur des tableautins la cote de classement de livres… Le résultat donne souvent l’impression d’une fausse profondeur, d’une oeuvre faisant librement et subjectivement référence à Derrida, Barthes, Baudelaire, Freud, Duras, Rilke, Cézanne… Même d’un point de vue formel, cela ne me semble guère convaincant. Ces transpositions de textes en formes abstraites ressemblent à la dernière expo de Molinari, où il reprenait le poème Un coup de dés jamais n’abolira le hasard de Mallarmé, citant (sans le savoir?) une pièce identique de Marcel Broodthaers. Le travail de Savard fait aussi penser à Garry Neill Kennedy, Guy Pellerin… Et je ne vois pas toujours ce qu’elle ajoute de significatif à ces pratiques diverses. La dernière création de Duchamp (Tu m’) est chez Savard réduite à une charte de couleurs vibrantes (les couleurs claires de Duchamp lui semblaient "inintéressantes"). Savard aplatit souvent le sens des oeuvres de ces créateurs et penseurs en de jolies couleurs et de belles formes.

Jusqu’au 3 janvier
Au Musée d’art contemporain
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À voir si vous aimez /
John Cage

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