Pierre Dumont : Aux mains à l’écoute
Le grand faiseur et artiste aux multiples facettes Pierre Dumont propose ses Charnières et autres objets de transfert à la galerie Séquence. Tourner, ouvrir, tirer, cogner, saisir, lancer, pincer…
Le nombre remarquable de personnes présentes au vernissage le 30 octobre dernier témoigne avec éloquence de l’appréciation dont bénéficie Pierre Dumont auprès du milieu culturel régional. Son apport marque tant la création que le développement structurant. Lors de cette soirée d’ouverture, l’artiste s’entourait de Michel X Côté et d’André Duchesne pour un concert-performance envoûtant. Dans la chaleur tropicale de cette attentive forêt humaine, mots et sons ont vibré.
TENTATION
Une exposition tentatrice. On titille la délinquance en nous, celle de toucher des oeuvres d’art, de leur faire dire des sons. Fissures à espionner, portes secrètes à palper… Il y a fort à faire pour ne rien laisser au hasard. Puis ces mécanismes énigmatiques nous guident à d’autres lieux de mystère nous chuchotant des poèmes ou cognant de la musique. La Porte des rêves nous souffle que la totalité des songes se cache derrière cette porte de bois, lui donnant un pouvoir enchanteur. Un poids frémit à l’intérieur comme un chercheur doré d’ailleurs. Allégorie, à travers une corde épaisse, peinte en brun, attachée et accrochée, revisite le thème sensuel de la pièce de viande. On s’émerveille du sensible qui sommeille en toute matière. Une peinture du même titre répète trois fois la forme de la sculpture avec des couleurs vives, changeant la chair en motif festif. Les dialogues entre sculpture, peinture, son, poésie et mouvement s’ébrouent. Une cohésion s’établit entre ces propositions foisonnantes sans être chaotiques, chargées sans être étouffantes.
CES AUTRES OBJETS
Adoptant d’abandonnés, Dumont a consciencieusement recueilli et assemblé une population d’objets dans une renaissance irrationnelle qui réjouit. Leurs possibles sont explorés dans une recherche souterraine de leur essence. On reconnaît certaines formes et fonctions d’une ancienne vie qui les a usés. Détournés de ce passé, les objets devenus oeuvres déclenchent des souvenirs qu’ils font rebondir, comme ces balles lancées lors de la performance. On sent en eux le labeur, la nature, le mécanisme ludique de la patente. Le parcours suggéré suit la piste instinctive de l’artiste. Une première salle introduit Les Rangements. Apprivoisement. Faire timidement tinter ces bouts de métal d’un agencement qui semble sacré. La deuxième salle contient Les Charnières. À ce moment, la glace est brisée, on voudrait y aller franchement. Surtout que ces oeuvres-là font penser à des instruments de musique vivants en pleine métamorphose. Les Rouilles occupent la troisième salle, outils besogneux réinventant leurs besognes. Des traces à arpenter sans guide ni boussole, avec leurs charnières qui charment et transportent dans la vie secrète des objets.
À voir si vous aimez /
Le ready-made, le Centre d’expérimentation musicale, les marchés aux puces.