Réal Calder : L’entre-deux
La peinture de Réal Calder, à l’affiche à la Galerie St-Laurent + Hill jusqu’au 12 décembre prochain, constitue une incursion surprenante dans des univers picturaux diamétralement opposés, soit le figuratif et l’abstrait. S’inspirant de l’iconographie traditionnelle du paysage, et issus de la trempe de l’accident et de l’aléatoire, ses tableaux se lisent sur ces deux niveaux, à la fois accessibles et intrigants pour le spectateur puisque ce dernier navigue constamment entre les deux approches qui lui sont proposées.
D’un côté, ce sont des titres évocateurs et des éléments familiers qui caractérisent les toiles, agissant comme points de référence marquants, grossièrement à la base de toute l’ébauche de ces ouvrages. Ainsi, dans Emporté, ce que le visiteur nomme d’emblée un cours d’eau agité, peuplé de rochers miniatures ou de souches d’arbres presque flottantes, se transforme, après longue observation, en une multitude de taches colorées, semblant soutenir un élan de créativité spontanée.
Quiconque s’en approche davantage remarque alors toute la méticulosité du travail au pinceau, dont les traces sont à peine perceptibles, élevant la peinture au rang de matière avec laquelle Calder s’amuse: en application légère et lourde, diluées ou pleines, des couleurs sont étendues sur d’autres, certaines se fondant inlassablement entre elles, entrecoupées par des marques plus acérées…
Le seul tableau où l’objet figuratif prime davantage, Land art II consommé, est sans doute le plus percutant, pour sa facture travaillée en abondance et ici, sa portée sociale plus imminente.
À voir si vous aimez / Andrew Rucklidge, Martin Golland