Sébastien Pesot : Vroum, vroum
Arts visuels

Sébastien Pesot : Vroum, vroum

L’exposition Auto ~, de Sébastien Pesot, met en scène la répétition du geste dans un quotidien d’homme, de père, d’artiste.

Avec Auto ~ (un clin d’oeil volontairement simpliste à automobile et autoportrait), Sébastien Pesot s’inscrit en tant que chef de file d’une nouvelle génération d’artistes des Cantons-de-l’Est qui explorent les paramètres de l’art actuel avec culot et fraîcheur. Présentée à la Galerie d’art du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke (et au Musée d’art contemporain des Laurentides en 2010), cette exposition pourrait bien ouvrir la voie à une plus grande présence de nos artistes dans le réseau des galeries et centres d’art du Québec.

Cela étant dit, attardons-nous à Auto ~, une convaincante manifestation pour laquelle Pesot a peaufiné certaines de ses marottes dévoilées lors de Caméra orchestra, son exposition précédente (encore en circulation). La parenté est évidente avec Scopie, un triptyque vidéo dans lequel il interagit avec sa voiture, joue avec elle, la maltraite. Le bolide devient par le fait même, et simultanément, un habitacle, une extension de sa personne et un banal objet de ferraille.

Cette multiplication des statuts s’applique également à Sébastien Pesot. Dans la projection Cinétique, il étale entre autres son état de père de famille sur le toit de son véhicule, un immense canevas disposé sur le plancher de la galerie. Dans Route, l’artiste est quasi mis à nu par le dévoilement de ses différents moteurs de création (la tête, le coeur… et le sexe), illustrés par des écrans savamment disposés sur son profil.

TEMPO

La force d’Auto ~ réside tout particulièrement dans l’utilisation que fait Pesot de l’inévitable effet de boucle des vidéos présentées en galerie. Dans Mobile, on voit non seulement Pesot pelleter la neige de manière routinière et laborieuse, mais cette projection est multipliée par les reflets d’une boule miroir disposée au coeur d’un abri hivernal pour voiture devenu écran 3D. Par la répétition du geste, il évoque son inévitable quotidien. Plein de petits Pesot qui pellettent en coeur et tournent en rond, à l’infini…

Cet artiste, dont le travail de vidéaste fut présenté dans une centaine de festivals (et maintes fois récompensé), se permet également deux oeuvres ready-made qui accentuent l’aspect ludique d’Auto ~: il y a cette voiture enfumée qu’on retrouve sur le parvis (et qui ne cesse d’intriguer la communauté universitaire), ainsi qu’une montagne de pneus qui s’est vue choir dans un coin de la galerie. Tout ce caoutchouc, qui fait de cette exposition une expérience olfactive, représente une vie (ou plutôt, la consommation de pneus d’une personne au cours de son existence).

Tel un embouteillage sur un pont qui mène vers un avenir prometteur, l’art médiatique de Sébastien Pesot sait occuper l’espace et polluer nos esprits.

À voir si vous aimez /
Les arts médiatiques, les autoportraits, Caméra orchestra