Copyright humain : La pensée humaine, d'hier à demain
Arts visuels

Copyright humain : La pensée humaine, d’hier à demain

Fossile. Humaine. Puis future. Le Musée de la civilisation nous invite, avec l’exposition Copyright humain, à découvrir l’histoire de notre pensée d’hier à demain. À prendre conscience de ce qu’elle a été pour mieux appréhender ce qu’elle sera.

Une trentaine de crânes, fixés sur un mur. Autant de paires d’yeux. Désincarnées. Vides. Qui perçoivent notre présence et qui nous suivent. C’est avec ce passage obligé pour le visiteur que commence le troisième volet de Copyright humain. L’oeuvre s’appelle Area V5. C’est de Louis-Philippe Demers. Question, peut-être, de préparer les esprits à l’imagerie associée à cette section axée sur l’anticipation. Sur la pensée de demain. Bref, sur le posthumain.

C’est que, justement, lorsqu’on pense à la "prochaine étape", c’est souvent au robot que l’on pense au premier abord. À l’être humain remplacé. D’ailleurs, aujourd’hui, on en est à simuler le comportement des neurones, à tenter de créer un cerveau cybernétique fonctionnel. L’aboutissement de recherches de longue date, débutées il y a longtemps déjà. "D’ailleurs, depuis 50 ans de recherche, toutes sortes de résultats ont été obtenus. Mais, et c’est ce qui est un peu frustrant pour les chercheurs en intelligence artificielle, le but recule chaque fois qu’ils avancent. Il y a 50 ans, un ordinateur qui jouait aux échecs, c’était considéré comme de l’IA", observe Jean-Louis Trudel, professeur d’histoire des sciences à l’UQAM.

Cela dit, selon celui qui a collaboré à l’élaboration de Copyright humain, d’autres perspectives d’avenir peuvent être envisagées. Oui, on peut remplacer l’humain. Mais on peut aussi l’augmenter, avec des outils génétiques, pharmacologiques ou cybernétiques. Dérive vers les cyborgs. Ou vers l’eugénisme. "Il y a un risque d’eugénisme négatif, sur la base duquel on éliminerait ce qu’on perçoit comme des faiblesses. Quoique, si on en est capable, on cherchera plutôt à doter l’humain de capacités supérieures."

Autre perspective? L’humain accompagné. Bien actuelle. "Depuis quelques années, avec les ordinateurs, les réseaux, les robots, on peut envisager toutes sortes de possibilités dans lesquelles l’humain acquiert des capacités qui lui avaient été jusqu’alors inaccessibles. L’être humain d’aujourd’hui devient quelque chose de plus que celui d’autrefois." Un partenariat qui s’exprime au quotidien. Et qui pourrait aller loin. "On peut envisager d’autres étapes, notamment avec cet ensemble des technologies liées au Web. Tout ça pourrait donner naissance à des formes d’intelligence collective. Mais, dans ces complexes, l’être humain risquerait de passer en second, de perdre son autonomie", appréhende Jean-Louis Trudel, également auteur de science-fiction.

En parcourant l’exposition Copyright humain, on se rend compte à quel point la science a fini par rattraper la science-fiction. Depuis deux millions d’années, l’humain crée des outils pour s’accompagner. Invente des appareils pour le remplacer. Et subit des changements biologiques. Du crâne de Lucy à celui de René Descartes, la différence est frappante. Et c’est là l’intérêt de l’exposition, selon l’enseignant. "La meilleure façon d’envisager l’avenir, c’est d’être conscient du passé. Le passé nous éclaire sur les possibilités. Dresser l’histoire de la pensée humaine nous permet de prendre au sérieux les possibilités futures et, peut-être, ainsi, d’éviter quelques erreurs."

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