Éric Cardinal : Riche en « faire »
Arts visuels

Éric Cardinal : Riche en « faire »

Éric Cardinal poursuit une recherche sculpturale amoureuse des qualités plastiques de la matière. Rencontre avec un artiste à la croisée des chemins.

En une dizaine d’années, l’artiste de Richmond Éric Cardinal a pratiquement exposé dans tous les centres d’artistes au Québec présentant de la sculpture. Il a été récipiendaire de nombreuses bourses. Lors d’un entretien à Langage Plus, où se dévoile présentement Petites et Grandes Unités, sa dernière proposition, il mentionne le caractère transitoire de celle-ci. De nouvelles techniques intégrées, un repositionnement par rapport à sa démarche, un questionnement sur sa progression en tant que créateur, autant de sujets sur lesquels il fait le point. Prochaine étape: l’international? À suivre…

DANS L’ATELIER

Selon Cardinal, il y a un danger pour l’artiste de s’en tenir à ce qu’il fait habituellement et qui fonctionne. Le recul devient important, pour réfléchir à ce qu’il désire réellement transmettre. Il confie: "Je me suis rendu compte que mon travail, c’est beaucoup plus la façon de faire que les objets que j’utilise." Son travail antérieur comprenait, d’une part, l’utilisation d’objets jetables neufs glanés dans les magasins à un dollar et les quincailleries, et d’autre part, des matériaux divers récupérés dans son atelier ou dans des espaces publics. Ustensiles en plastique, filtres à café, cure-dents, carton, mousse, moules, etc. étaient accumulés, amoncelés en ensembles. Souvent réalisés sur place, les assemblages ne laissaient que peu de traces après l’exposition. Sans rompre avec cette démarche, il réenvisage sa façon de créer. "Ma manière de travailler est très spontanée. Les nouvelles techniques que j’explore présentement font que ma façon de faire ralentit." Ces techniques, comme le moulage de pièces en plâtre ou en latex par exemple, demandent un rythme différent, ont des exigences propres qu’on ne peut négliger sans compromettre leur réussite. L’artiste se dit intéressé à faire entrer, éventuellement, la photographie, le dessin ou d’autres médiums dans son processus. Le figuratif et le référentiel, absents jusqu’à maintenant, commencent à le titiller. Bref, une belle ouverture sur ce qui pourrait se produire.

Tout se passe dans l’atelier, dans l’action pour cet artiste chez qui la prise de décisions et l’approche de la matière se font dans la spontanéité. "Je travaille toujours en réagissant à ce qui vient de se produire. Je ne pars jamais en ligne droite", ajoute-t-il. Un aspect de sa recherche actuelle ressort. Il s’agit du besoin de dé-hiérarchiser les objets pour ne considérer que leurs qualités formelles: forme, couleur, texture, masse, densité… D’arriver à "mettre au même niveau tous les objets, c’est-à-dire que n’importe quel objet peut servir". Les choix sont motivés par des qualités plastiques. C’est peut-être l’aspiration à une égalité de valeur qui a guidé la disposition des oeuvres à Langage Plus. Toutes les sculptures font front pour nous accueillir, sur des socles, toutes à la même hauteur et sur la même ligne. Et ce qui frappe le plus, c’est la diversité des textures, les variantes de sensualité de la matière.

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Serge Murphy, Valérie Blass, la sculpture