Je n'étais pas qu'une simple chimère : Reprendre le flambeau
Arts visuels

Je n’étais pas qu’une simple chimère : Reprendre le flambeau

Dans Je n’étais pas qu’une simple chimère, une nouvelle génération d’artistes féministes prend la parole. La lutte pour l’égalité n’était pas finie?

La semaine dernière, je vous parlais de l’expo des Guerrilla Girls (à la Galerie de l’UQAM jusqu’au 19 décembre) qui nous rappellent combien la lutte pour l’égalité (des femmes et des minorités) est loin d’être terminée dans la société en général et en particulier dans le milieu des arts (qui se croit pourtant plus progressiste). Le hasard ou la nécessité veulent qu’au même moment débute une autre expo sur l’art féministe (à la Galerie SBC), mais cette fois avec des artistes d’une génération plus jeune. Intitulée Je n’étais pas qu’une simple chimère, elle regroupe quatre créatrices, âgées de 32 ou 39 ans, qui ont été marquées par l’art et le féminisme des années 70. Celles-ci nous disent que l’art féministe n’est pas une utopie abandonnée, mais une forme d’expression pertinente dont elles ont hérité. Le féminisme vit d’ailleurs un regain d’intérêt indéniable en art. L’expo Elles continue ces jours-ci au Centre Pompidou à Paris, et WACK! Art and the Feminist Revolution a eu lieu à P.S.1 à New York l’an dernier.

Cette approche a-t-elle su se renouveler? À la SBC, la pièce The Power Structures, Rituals & Sexuality of the European Shorthand Typists 2, de Lili Reynaud-Dewar, pourra sembler dépassée. Elle montre des femmes surveillées, prisonnières d’une cage, portant un uniforme et tapant sur une machine à écrire… Symboles d’une autre époque? Pourtant, à scruter les administrations de plusieurs écoles, universités ou compagnies, on s’apercevra que ce sont encore les femmes qui gèrent quotidien et paperasserie, alors que les hommes occupent majoritairement les places de direction. Une oeuvre trop littérale, mais efficace.

Ce dialogue avec le passé (non révolu) se noue aussi sur un plan formel. Parmi les pièces les plus remarquables, il faut citer Dangler de Luanne Martineau. Faite de soie, de laine et de teinture, elle reprend un certain type de structures informes et organiques, comme la trop tôt disparue Eva Hesse en faisait. Et il faudra aussi regarder l’excellente pièce d’Aleesa Cohene (qui s’approprie comme Candice Breitz le cinéma hollywoodien afin, ici, de montrer des femmes dans leur solitude) et celle de Lucie Stahl.

Voilà une expo qui, étant donné le sujet, aurait nécessité bien plus d’oeuvres (avec la participation d’autres galeries?). Cette carence en limite grandement la portée. Heureusement, plusieurs événements suivront: www.sbcgallery.ca.

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Les Guerrilla Girls