Sarah Hatton : L’innocence même
Une exposition attirant son lot de controverses bat son plein à la Galerie Dale Smith jusqu’au 5 janvier. Bare, de la peintre Sarah Hatton, regroupe une série de tableaux figuratifs représentant des enfants en bas âge, nus comme des vers, en train de s’affairer à leurs activités quotidiennes enfantines.
De prime abord, les peintures n’ont rien de choquant en soi, présentant même de façon convaincante toute la candeur et l’ingénuité de la tendre enfance. La décentralisation intentionnelle de l’image, les plans rapprochés ainsi que les effets "voilants" de la résine, plongeant immédiatement dans l’instantanéité et la douceur du moment, veulent sans doute donner au spectateur la sensation d’être là et d’observer discrètement les très intimes clichés proposés par l’artiste.
Et c’est peut-être à cause de cette proximité, déstabilisante, que certains crient au drame. Ils croient à tort être témoins d’une exploitation sexuelle infantile délibérée, et s’inquiètent de la portée pornographique des oeuvres. Normal, surtout à une époque où la protection et la défense des plus jeunes demeurent un éternel combat.
Pourtant, dans le contexte actuel, cet art du portrait demeure une cause noble et légitime; ne s’agit-il pas, en effet, d’une représentation fondamentale et embellie de la réalité? Aucun indice ne vient confirmer un contexte obscène ou érotique, sa suggestion même semblant tout à fait déplacée. Ici, trouver des fautes où il n’y en a pas constitue presque une insulte à l’artiste (aussi mère), qui n’avait certainement pas ces mesquines intentions en tête.
À voir si vous aimez / Spencer Tunick, Jake et Dinos Chapman, L’Origine du monde de Gustave Courbet