bgl : Arts visuels
Arts visuels

bgl : Arts visuels

Cette décennie fut la sienne. Le mirifique trio bgl (Jasmin Bilodeau, Sébastien Giguère, Nicolas Laverdière) nous offre son bilan… Pour une vision poétique de la matière.

Malheureusement, nous n’avons pas écrit le texte de la décennie, celui qui soulèvera le Québec tout entier…

En 2000, nous faisions partie d’expositions collectives présentées en dehors des "lieux officiels de l’art", comme D’un millénaire à l’autre et L’art qui fait Boum, l’une extérieure et insérée dans divers lieux publics de la métropole, l’autre au Marché Bonsecours. Cette volonté d’amener l’art dans la rue, là où on ne s’y attend pas, marque, à notre humble avis, la scène des arts visuels au Québec depuis 10 ans. On pense entre autres à Artefact, à la Manif d’art de Québec, au phénomène Nuit blanche, aux Commensaux, à l’État d’urgence de l’ATSA, au Festival de théâtre de rue de Shawinigan (déménagé à Lachine), à l’événement Trafic en Abitibi-Témiscamingue, à Pique-Nique, aux Journées de la culture et tant d’autres événements fertiles qu’on a ratés ou dont on ne connaît pas l’existence encore…

Ce besoin de liberté, d’espaces étonnants à explorer et cette envie de rejoindre un plus large public provoquent des rencontres imprévues susceptibles d’initier, voire de gagner quelques adeptes (du sexe convoité, si possible!!). Mais il ne faut pas se le cacher, on ne sent pas pour autant que les arts visuels ont pris de l’importance dans la vie des gens. La province manque indéniablement d’oeuvres d’art publiques majeures qui témoignent de notre époque et qui animent les quartiers. Allez sur YouTube voir l’oeuvre Cloud Gate d’Anish Kapoor à Chicago. Depuis son inauguration, elle ne cesse d’attirer des foules. Même avec moins de moyens, il y a au pays suffisamment d’artistes talentueux pour réaliser des projets tout aussi percutants.

Dans cette décennie dominée par l’Empire des écrans, on se crisse pas mal de la poésie de la matière. On dirait même qu’on s’est un peu déconnecté du réel. Fort à parier que pas mal de New-Yorkais, devant les deux tours en feu, se sont dit: "Are they shooting a movie?"

Nos grands et petits écrans offrent une panoplie époustouflante d’expériences visuelles marquantes qui nous étonnent souvent. Les images "retravaillées" à l’ordinateur ont amené une nouvelle façon de travailler et un nouveau vocabulaire révolutionnaires. Mais entre voir la pub du nouveau-né géant de Ron Mueck et le voir en vrai… c’est comme la différence entre jouer à un jeu vidéo de snowboard et faire du snowboard. C’est ça qu’on appelle la puissance du tangible. Plus on fait de l’art, plus on sent qu’on n’est peut-être pas des artistes engagés politiquement, mais que faire de l’art, c’est s’"engager" dans un rapport plus concret au monde.

Nous pensons que notre métier est relié au souci de ramener les gens à quelque chose de plus primaire.

Vos dévoués sculpteurs de Québec.

bgl