François Simard : De briques et de blocs
Arts visuels

François Simard : De briques et de blocs

Ce n’est pas le hasard qui a rassemblé les différents éléments des tableaux de François Simard, mais une manière singulière de construire des paysages.

Avec un titre comme Des briques dans la grille, on pourrait s’attendre à une exposition sur une manifestation de révolte, ou à un travail scrupuleusement mesuré à la Dürer. Mais bien que rigoureuses et construites, les oeuvres présentées par le Montréalais François Simard ont un côté éclaté et vif. Les toiles montées sur châssis, peintes à l’acrylique, ont été spécialement réalisées pour l’OEuvre de l’Autre. Il aurait certainement été intéressant de pouvoir regarder les petits dessins préparatoires croqués à l’aquarelle par l’artiste.

SE SITUER

Six grands tableaux de format identique font sentir leur présence soutenue. Sur chacun d’eux, des formes organiques et d’autres, géométriques, tentent de trouver leur rôle, leur place dans l’espace pictural. De chaque côté d’une ligne horizontale, le cerveau classe instantanément ce qui se trouve au-dessus comme flottant dans le ciel, et ce qui se trouve au-dessous comme reposant au sol. Simard joue avec ces conclusions perceptuelles sans négliger le besoin qu’ont les éléments de se situer sur la surface de la toile. Tel élément, ligne ou tache colorée accroît son sens par sa valeur de représentation. Quoiqu’elles demeurent abstraites, la plupart des compositions donnent une impression de campagne, peut-être à cause des espaces ouverts et vastes que l’on devine avec de larges vues et des composantes que l’on croit reconnaître: champs cultivés, bâtiment rural, point d’eau, montagnes… Exception faite pour une peinture où une fleur de bandes triangulaires multicolores semble graffitée sur un mur de briques. Telle une onomatopée de superhéros en technicolor, elle nous ramène dans un univers résolument urbain, alors que les autres suggèrent des lieux ruraux. Cette ressemblance plus ou moins appuyée avec des objets réels rend tentante l’identification des formes et des lignes à quelque chose de concret. Cela peut donner lieu à des associations poétiques: montgolfière de briques, nuage de paille tressée ou ver arc-en-ciel géant.

PROSPECTER LE TERRAIN

L’idée d’objet construit véhiculée par l’image de la brique fut le point de départ de Simard dans l’élaboration des oeuvres. Il explique que le bloc, "archétype de l’élément architectural de base, devient prétexte à introduire la notion de perspective en peinture par la répétition d’un élément qui suggère une vue tridimensionnelle d’un objet". Cette recherche de perspective picturale constitue le coeur de ses peintures abstraites, qui nous plongent dans des paysages hallucinés. Taches, traits et rectangles deviennent des repères dans l’espace bidimensionnel, mais également dans notre tête, pour trouver des références connues en géographie, en architecture ou en mémoire. Ses toiles interpellent notre connaissance de l’environnement humanisé grâce à des abstractions expressives. Le blanc, occupant beaucoup de surface, agit de façon structurante. Il délimite un fond, un sol, une division de l’espace. Les couleurs vives et variées tonifient, apportent du mouvement. Parfois, des halos colorés évoquent une vieille photo qui a vécu. On imagine des taches d’humidité ou les vestiges d’une boisson maladroite. On se dit que la peinture connecte avec une vision qui ne peut faire abstraction du photographique.

Loin d’être assommante, la proposition de François Simard n’est toutefois pas ce qu’il y a de plus accessible en arts visuels. Si vous aimez la peinture pas seulement dans un calendrier, vous prendrez certainement plaisir à tâter ces terrains dynamiques.

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L’AUTRE A L’OEUVRE

Voir l’autre à l’oeuvre, et le travail de l’autre, cultive l’appréciation, ou du moins l’apprivoisement de l’art contemporain. La galerie l’OEuvre de l’Autre permet aux gens du milieu universitaire, près des arts ou non, de côtoyer des oeuvres. Elle permet également à ceux qui ne fréquentent pas l’UQAC de découvrir les créations des étudiants et professeurs en arts, et celles d’artistes professionnels extérieurs à l’institution. Après l’exposition de François Simard, nous aurons l’occasion de connaître les préoccupations plastiques des finissants en arts, puisque leur festival se tiendra du 17 au 27 février. Du 10 au 26 mars, c’est l’artiste et professeur de sculpture Mathieu Valade qui s’installera dans la salle. Samuel Larouche Cauchon dévoilera les résultats de sa recherche à la maîtrise du 31 mars au 16 avril. La saison se clôturera avec une exposition des étudiants de 2e cycle en création, qui reviendront tout juste de New York, du 21 au 30 avril. Surveillez les activités spontanées.