Marlène Ferrari : Confidences en fluo
Arts visuels

Marlène Ferrari : Confidences en fluo

Dans l’exposition Entre nous soit dit, Marlène Ferrari crée la confusion par la contradiction entre le médium et le message… avec l’aide du fluo.

Après des études aux Beaux-arts en France, Marlène Ferrari est venue au Québec pour effectuer une maîtrise en arts visuels et médiatiques. "Ça m’a permis d’approfondir théoriquement mon travail", précise cette artiste qui se dit inspirée par la peinture américaine des années 40 à 70, ainsi que par l’art minimal et conceptuel. Son parcours professionnel ne compte aucune allégeance au milieu de la publicité, mais elle utilise ses codes signalétiques à bon escient, par la création de grandes fresques textuelles.

"J’ai une formation en graphisme. J’ai travaillé à faire des panneaux publicitaires, des logos." Voilà peut-être la source de cette fascination qu’a Ferrari pour la pub. "C’est à la fois une attraction et une répulsion. J’utilise les codes de la publicité pour en détourner le principe. Je travaille sur la confusion."

Au coeur de ses installations picturales, le spectateur ne peut faire autrement que de vivre cette confusion. "C’est une émotion, une sensation. Un mélange d’attraction et d’excitation visuelles par l’effet de la couleur, suivi d’un questionnement à la lecture du texte."

JE NE SAIS PAS

Les quelques mots choisis par Ferrari pour ses fresques n’ont rien d’anodin. "Avant cette expo, j’utilisais des expressions quotidiennes qui perdent de leur sens à force d’être répétées. Ça tournait autour de la perception visuelle. Là, ça se déplace vers la communication. Je commence à jouer davantage avec le texte."

Sur la principale fresque de l’exposition Entre nous soit dit, on peut lire un immense "Je ne sais pas". Ce qui avait l’air d’une confidence est en fait un leurre. "C’est comme si j’allais annoncer quelque chose, mais ce que je proclame, c’est que je ne sais pas. Pour moi, c’est quelque chose qu’on a tendance à ne pas accepter aujourd’hui. Quand on n’a pas la réponse à une question, ça paraît mal." Ainsi, Ferrari dénonce l’arrogance qui mène à des dialogues de sourds. "Le monde entier a l’impression de tout savoir. Les gens affirment des choses qu’ils ne savent pas car il faut avoir l’air sûr de soi, confiant, fonceur…"

Les autres oeuvres de l’expo proposent une montée sémantique par les mots (apparemment, visiblement…) qui mène à l’évidence: je ne sais pas.

MA VIE EN FLUO

L’utilisation des couleurs fluo sert le propos de Marlène Ferrari, car c’est ce qu’il y a de plus attirant pour l’oeil. "En fait, je suis tombée dedans (rires). Maintenant, toutes les couleurs me paraissent ternes à côté de ça. Je suis passionnée par le fluo. C’est à la fois de la matière et de la lumière."

Habituée à exposer ses oeuvres dans les galeries, Ferrari songe maintenant à sortir dehors… "Là, j’ai vraiment envie d’exploiter des lieux extérieurs, notamment de gros panneaux publicitaires." Vivement un peu plus de fluo dans nos champs de vision.

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La publicité, l’art minimal, l’art conceptuel