Martin Ouellette : Homme ou machine?
Étonnant de constater que les techniques de la peinture peuvent encore être réinventées. Du moins, c’est ce qui semble être le cas à La Petite Mort, qui expose jusqu’au 31 janvier un nouveau corpus du Montréalais Martin Ouellette. In Between the Layers présente des tableaux arborant des petits objets trouvés, du genre page déchirée d’un magazine ou vieux clous rouillés, combinés de façon libre mais savante pour former un collage hétéroclite relevant de l’abstraction.
Ce n’est qu’après mûre observation d’une oeuvre qu’on en vient à distinguer ses composantes, malgré des plans rapprochés donnant à voir une partie infime de leurs détails, et des pourtours se fondant de façon interminable entre eux. La fluidité avec laquelle est appliquée la substance picturale et l’impression de mouvement qui s’en dégage font également ressortir le caractère fragile et éphémère des objets sélectionnés, dûment choisis parce qu’ils oscillent entre l’ombre (maintenant qu’ils sont désuets) et la lumière (alors qu’ils étaient fonctionnels), comme l’indique l’artiste dans sa démarche.
De façon générale, les réalisations se comparent facilement à des images numériquement retouchées, les couches de vernis qui les surplombent parvenant à masquer tous les reliefs du pinceau et autres signes de la présence tangible du créateur, laissant à découvert une surface lisse et brillante. L’artiste tenterait-il d’imiter ce que la machine pourrait elle-même lui proposer? En tout cas, Photoshop et compagnie n’ont qu’à bien se tenir, la guerre est bien amorcée.
À voir si vous aimez / L’exposition La Vie en pop. L’Art dans un monde matérialiste au MBAC cet été, Peter Blake, Richard Hamilton