Entracte: films d'un futur héroïque : Point de vue?
Arts visuels

Entracte: films d’un futur héroïque : Point de vue?

Pour l’expo Entracte: films d’un futur héroïque, le Centre canadien d’architecture (CCA) se transforme en salle de cinéma et de visionnement.

Je ferais à cette expo le même reproche que j’ai fait à la précédente à avoir eu lieu au CCA (intitulée La Vitesse et ses limites). Je lui ferais d’ailleurs la même récrimination qu’à bien d’autres expositions. Voici une présentation extrêmement bien documentée, remplie d’oeuvres passionnantes, mais à laquelle il manque une lecture plus particulière de ces oeuvres, la présence d’un point de vue critique.

Dans Entracte: films d’un futur héroïque, vous aurez droit à une multitude d’archives filmiques en provenance de quatre collections (la NASA, le Musée national de l’air et de l’espace de la Smithsonian Institution, l’ONF et l’UbuWeb, ressource indépendante en ligne consacrée aux arts marginaux et à l’avant-garde). Ces archives rares, traitant de la vitesse et de l’espace, y sont présentées parfois comme au cinéma, parfois dans un rapport plus libre, en permettant aux visiteurs de choisir leur film sur un ordinateur (dispositif devenu assez banal sur Internet). Vous y trouverez plusieurs merveilles. Tel est le cas de Rouli-roulant, court métrage de 1966 de Claude Jutra, ode à la jeunesse et aux skateboarders, critique de l’intolérance de la Ville de Montréal à leur égard. Tel est aussi le cas de Time-Temperature (1972-73) de John Baldessari et The Cut-Ups (1966) d’Antony Balch et William S. Burroughs, films d’avant-garde (tirés du fabuleux site UbuWeb: www.ubu.com).

Néanmoins, je ne suis pas d’accord avec mon collègue du Devoir, Jérôme Delgado, quand il qualifie cette expo de "remise en question des choses établies". Malgré le plaisir certain que j’ai eu et que vous aurez à visionner plusieurs de ces archives, je suis un peu las de voir les musées être souvent de simples vitrines de collections. C’était le cas lors de l’expo Saint-Laurent en 2008 au Musée des beaux-arts, qui présentait d’une manière apologétique les créations de ce couturier qui a souvent fait dans l’exotisme facile… Peut-on exposer une oeuvre tout en conservant un regard critique sur celle-ci? Je crois qu’un musée (ou une institution comme le CCA) se doit de faire plus que de montrer des artefacts et est tenu à discuter les idéologies véhiculées par ces diverses créations. Certes, ces archives sont d’un intérêt plus grand que celles de Saint-Laurent, mais j’aurais aimé qu’au-delà d’une mise en scène un peu éclatée, il y ait un conservateur, un intellectuel, un artiste m’offrant une lecture plus tranchée des idéologies et de l’imaginaire véhiculés par ces films.

À voir si vous aimez /
La Vitesse et ses limites