Yann Farley : Beaux jouets
Une exposition se présente souvent tel un spectacle auquel assiste plutôt passivement l’observateur. Ce dernier y circule à son gré, choisissant son parcours, se laissant émerveiller ou non par ce qui s’offre à ses yeux. Mais devant Ordiculture, de l’artiste Yann Farley, l’interaction du témoin est essentielle à la compréhension de la proposition. En effet, dès qu’il pénètre la galerie, le visiteur est accueilli par deux gigantesques sculptures reposant de façon précaire sur le sol, chacune étalant un assemblage harmonieux de matières neuves et usagées, le tout dans une teinte de blanc cassé quasi immaculée, rappel lointain du côté clinique et aseptisé souvent associé aux technologies futuristes.
À l’émission d’une sonorité, le spectateur sursaute. L’une de ces machines l’interpelle? "Veuillez toucher mon interface sensible." À d’autres moments: "Veuillez ne pas toucher à mon interface sensible." Toute une série de commandes et de stimuli, comme la simple proximité du regardeur, fait bouger une patte des appareils, frétiller les touffes d’herbe synthétique qui recouvrent les sculptures par endroits, bref, les anime en modifiant leur composition même.
Malgré un degré d’interactivité assez élémentaire, la force des engins de Farley repose dans le fait que ces objets séduisent d’abord par leur apparence unique et travaillée. S’ensuit une sorte de jeu frivole avec le participant curieux et volontaire, qui en vient presque à reléguer aux oubliettes leur raison d’être mécanique et fonctionnelle.
À voir si vous aimez / Rétro-ingénierie d’Alexandre Castonguay et Mathieu Bouchard, Nicolas Schöffer