Dominique Sirois : Golden touch
Arts visuels

Dominique Sirois : Golden touch

Entre l’allure d’une salle de musée et le look de votre salon de 1985 à 1995, l’exposition U Can’t Touch This II de Dominique Sirois prend place à Espace virtuel.

Dominique Sirois, qui a déjà travaillé comme gardien de sécurité dans un musée, a mis en scène une exposition sous surveillance comprenant des photographies, des dessins, des installations et des sculptures munies d’un dispositif interactif. En entrant dans la zone des capteurs, le visiteur déclenche une alarme sonore qui est en fait un bref extrait du succès U Can’t Touch This du rappeur MC Hammer. Des hiboux de plastique à tête de caméra vous scrutent tandis que vous scrutez vous-même un grand miroir au mur. Je te guette, tu me guettes, nous nous guettons… Les socles, le faux marbre, la dorure à outrance et les motifs égyptiens véhiculent l’idée de la présentation muséale parodiée et clinquante. Des accessoires des années 80 et 90 tels que des bottes de ski, des postiches extravagants ou des lunettes de soleil au reflet violet s’intègrent aux oeuvres et accrochent un sourire. L’artiste évoque la mode de cette période particulière sous l’angle de sa désuétude presque ridicule, amusante parce qu’elle nous renvoie à notre propre naïveté par rapport à ce phénomène. Elle aborde ainsi le rapide passage des goûts en vogue.

En considérant les sculptures, on remarque qu’elles représentent des bustes inusités, construits d’objets récupérés: punaises, cadres laminés, mousse à emballer, matériaux et objets divers. Le tout donne des têtes à l’air dans le vent et un brin extraterrestre, recouvertes de peinture dorée. Au mur, rappelant l’esthétique des vidéoclips dansants de l’époque évoquée, des photographies de petit format laissent voir des pièces de vêtements pailletés ou des chaînes en or bougeant dans le noir, parant des corps invisibles. On s’attendrait pour peu à voir surgir une silhouette gainée de cuissards fluorescents.

Malheureusement, l’ensemble de la proposition reste assez superficiel. Le dispositif d’alarme manque d’efficacité, les champs de captation étant trop limités pour créer un effet réellement surprenant. Le visiteur averti tendra la main au-dessus de la sculpture pour le déclencher consciemment, mais celui qui ignore le jeu risque de passer à côté. L’impression de surveillance s’en trouve diminuée. De plus, on ne reconnaît pas l’entraînant succès musical qui donne son titre à l’exposition, ce qui amène une pointe de déception sans que l’échantillonnage rende l’alarme plus saisissante.

Du côté de la librairie Point de suspension, l’éditrice et poétesse Cindy Dumais a collaboré avec Espace virtuel pour offrir à sa clientèle un choix de trois livres en lien avec la démarche de Dominique Sirois. Cette belle idée permet de pousser plus avant nos réflexions sur le travail présenté dans la galerie par les artistes exposés.

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