Martine Dolbec : Suivre le fil
Arts visuels

Martine Dolbec : Suivre le fil

Invitation à la méditation, Terres rouges de Martine Dolbec entretient une relation entre matière, forme et perception d’une simplicité désarmante.

À Langage Plus jusqu’au 14 mars, vous pourrez observer des oeuvres d’un minimalisme rare dans la région. Prenez le temps de les apprivoiser, car les installations de Martine Dolbec recèlent une richesse contemplative rappelant les jardins japonais. Les formes épurées font écho à des territoires plus concrets, que l’on pense à des paysages cosmiques, biologiques ou écologiques. D’une extrême simplicité, chaque oeuvre prend la forme d’un micro-univers auquel un long bout de laine rouge donne corps. Enroulé délicatement sur lui-même du centre jusqu’à la périphérie, le fil constitue un cercle concentrique vibrant à même le sol. Il y a trois cercles, éloignés les uns des autres mais en interaction. La trame se soulève parfois pour épouser des demi-sphères modelées de sable et de sucre. Ces protubérances sont, pour l’artiste, une allégorie des accidents survenant dans un cycle de vie. Ainsi, collines, montagnes, crevasses miniatures apparaissent. L’effet tourbillonnant de la disposition étourdit et hypnotise: mandalas de fibres attirant vers leur milieu comme des vortex liquides.

DE PLUS PRES

Les pièces de l’exposition sont le fruit d’un travail précis et fragile. La proposition, qui fut recréée à divers endroits au Canada, a vu régulièrement une oeuvre abîmée. Cette fois-ci ne fait pas exception. La réalisation des installations dans chaque lieu relève d’une véritable performance physique et mentale de l’artiste. Plus d’une semaine de concentration et d’exécution minutieuse fut nécessaire ici, nuits blanches comprises.

Quand la lumière naturelle ne caresse pas les cercles parfaits, des projecteurs sur pied sont allumés. Les oeuvres se transforment alors en terrains de sport éclairés la nuit, à moins que ce ne soit des paysages délicats comme ceux que l’on voit en plongée par la fenêtre d’un avion? Les anneaux d’une tranche d’arbre aux noeuds coriaces, un disque vinyle? On croirait qu’ils émettraient des sons si on plantait une aiguille dans un sillon. Créations ouvertes aux associations plus ou moins justifiées, les constructions éphémères et formelles de Dolbec conduisent surtout à une réflexion philosophique à caractère oriental.

Par l’infime espace entre chaque brin de laine, le sol reste visible. Cela augmente l’impression que les formes tournent sur elles-mêmes, en plus de flotter légèrement, structures autoportantes. L’une d’elles a poussé autour d’une colonne de la salle comme un arbre pousserait autour d’un obstacle. Ce corps étranger s’intègre dans l’ensemble, créant un déséquilibre par sa position à l’extrémité et sa stature verticale, à l’opposé de celle du disque.

L’essence matérielle du corpus s’incarne dans une zone près d’une vitrine à l’avant. Les balles de laine non utilisée sont présentées modestement, attendant la main de l’artiste ou la patte d’un chat. L’on peut s’ingénier à associer telle balle à telle variation de tonalité de rouge dans les cercles. Demeurant des messages de possibles en devenir, on pourrait bien les retrouver s’écrivant en poésie spatiale sur la surface d’un autre sol.

Jusqu’au 14 mars
À Langage Plus
Voir calendrier Arts visuels

À voir si vous aimez /
Anish Kapoor, le minimalisme et les jardins japonais

ooo

LANGAGE S’ENGAGE

Langage Plus nous annonçait récemment l’investissement, pour son projet de rénovation, de 368 300 $ par Infrastructure Canada, de 500 000 $ par le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec et de 175 000 $ par la Ville d’Alma. Ces sommes s’ajouteront aux 61 000 $ que le centre d’artistes devra récolter dans la communauté, par des stratégies comme la récente collaboration avec Loto-Québec (des oeuvres d’artistes de la région furent achetées à la suite de l’exposition Repérage). Selon la directrice Jocelyne Fortin, la prochaine étape sera de réaliser un travail de réflexion sur la mise en espace des lieux en accord avec la philosophie d’ouverture du centre. En plus de la salle d’exposition principale et de la salle projet, qui conserveront sensiblement les mêmes dimensions, on comptera deux ateliers pour les artistes en résidence, un bureau pour un éducateur, une salle d’archives et un centre de documentation qui pourra être loué comme salle de réunion. Un laboratoire de création sera mis en place, pièce multifonctionnelle permettant d’accueillir une cinquantaine de personnes lors d’événements. Le développement du service éducatif est prioritaire et vise un public élargi, clientèles scolaires et adultes de diverses sphères de la communauté. Aux résidences croisées avec l’Alsace ainsi qu’aux Pépinières européennes s’ajoutera un échange avec le Canada anglais. L’image et la signalétique seront améliorées, une cuisine et des commodités seront construites. Projet à suivre…