Peintres juifs de Montréal : Communauté urbaine
Le Musée McCord consacre une pertinente petite expo aux peintres juifs de Montréal, qui nous donne à voir, sous un angle unique, la métropole des années 1930 et 1940.
Boulevard Saint-Joseph, 1941. Église St. Michael, 1945. Hôpital Shriners, à la même époque. Beaucoup de gris pour quelques taches de couleur.
Le gris saute aux yeux dans les tableaux de Moe Reinblatt (1917-1979), comme dans bon nombre des oeuvres constituant l’expo Peintres juifs de Montréal – Témoins de leur époque 1930-1948. Un gris profond, inquiet, qui aura fixé ce qui était l’air du temps pour la communauté juive montréalaise des années 1930 et 1940.
Grande dépression, montée du fascisme en Europe, précarité économique au quotidien, tout cela est criant dans les toiles, mais aussi l’amour des arts et de l’architecture, l’attention portée à la nature d’ici, à la course des saisons – en outre chez Ernst Neumann (1907-1956). L’exposition, déjà présentée avec succès en 2008 au Musée national des beaux-arts du Québec, est enrichie aujourd’hui de plusieurs pièces du Musée McCord. En tout, voilà plus de 80 oeuvres (peintures, dessins, estampes, caricatures) réparties autour de quatre thématiques: "La Ville", "L’Homme dans la ville", "La Guerre" et "La Figure humaine".
On retiendra en particulier le coup d’oeil enfiévré que jette Sam Borenstein (1908-1969) sur les rues de sa ville, la figure de la prostituée selon Ghitta Caiserman-Roth (1923-2005) et, bien sûr, le trait unique des dessins de Harry Mayerovitch, dit Mayo (1910-2004).
Un regard tout à fait particulier sur une ville, une époque, et surtout sur une petite société que la première moitié du 20e siècle aura bien éprouvée.