Un monde dans lequel plusieurs mondes s’inscrivent : Néo-solidarité
Dans l’exposition Un monde dans lequel plusieurs mondes s’inscrivent, l’art se fait porteur d’un message altermondialiste.
Un monde dans lequel plusieurs mondes s’inscrivent est en fait la deuxième "manifestation" d’une exposition présentée à la Biennale de Taipei en 2008, par le commissaire Oliver Ressler. En réunissant des artistes provenant de divers endroits (États-Unis, Australie, Argentine, Allemagne, Angleterre, Autriche, Espagne et Russie), il voulait illustrer que depuis le 11 septembre 2001, le mouvement altermondialiste, ou le "mouvement des mouvements" comme il le nomme, a changé de visage. S’écartant du manifestant cagoulé qui affronte violemment la police, des groupes se sont organisés pour faire entendre leurs voix différemment, et l’art fait partie des formes de protestation.
Invités à se joindre à cette deuxième mouture de l’exposition, les Montréalais Pierre Allard et Annie Roy de l’Action terroriste socialement acceptable (ATSA) sont de bons exemples de cette option qui stimule le débat. "On est des artistes qui interviennent dans l’espace public. C’est le thème de la création. Quand on a envie de parler de quelque chose, on choisit la stratégie pour créer un impact", explique Pierre. Pour Annie, l’art a cette possibilité de séduction et d’humour qui transpose le quotidien, la réalité, dans un objet. "Ainsi, les gens ne se sentent pas attaqués de front. L’illégalité ne fait pas partie de notre pratique. On est à cheval entre l’art et l’activisme. Notre travail d’artistes est de dire: "Tu as beaucoup plus de pouvoir que tu penses"."
"Lorsqu’on occupe un espace, on va attirer les gens déjà convaincus, ceux de l’art et le monde en général. Tout ce monde repart avec ses réflexions. L’art permet une prise de conscience qui sollicite l’émotion. Quand on rationalise trop, on se détache", poursuit Pierre pour établir que l’art peut être d’une redoutable efficacité pour passer un message.
Au Sommet des Amériques de 2001, l’ATSA a manifesté avec des poussettes au lieu des traditionnelles pancartes, afin de faire réfléchir sur la place de l’enfant dans le système actuel. "Comme parents, on a souvent le mauvais réflexe de penser que nos responsabilités s’arrêtent à notre perron, mais il faut aller plus loin, prendre position dans la société, poser des actions", au dire de Pierre. Ces poussettes se retrouvent dans Un monde dans lequel plusieurs mondes s’inscrivent.
L’exposition compte également plusieurs vidéos qui témoignent que le "mouvement de mouvements" s’en va dans une nouvelle direction. Il reste à souhaiter qu’il s’agit de la bonne.
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L’art engagé, le mouvement altermondialiste