Antarctica, espace(s) de fragilité : Terre de glace
Antarctica, espace(s) de fragilité résume les préoccupations environnementales de trois artistes de la Belle Province et de l’Argentine. Rencontre avec les deux créateurs québécois, Lorraine Beaulieu et Philippe Boissonnet.
Antarctica, espace(s) de fragilité découle d’un séjour sur le continent de glace. Un périple à caractère artistique et environnemental de 10 jours où Lorraine Beaulieu et Philippe Boissonnet ont perdu leurs repères, tant cet univers inhospitalier ne ressemble à rien.
"On avait l’impression d’être sur la lune!" s’exclame la détentrice d’une maîtrise en arts visuels de l’Université Laval. "On ne s’attendait pas à cet univers aussi sauvage. Il n’y a rien. Quand on sortait pour marcher, le silence était total. C’est impressionnant." En effet, l’Antarctique n’est pas tout à fait le lieu qu’ils avaient imaginé. "On pensait qu’on allait être plus libres, admet Philippe Boissonnet. On croyait pouvoir marcher, s’en aller de la base, s’approcher des banquises. Mais pas du tout!" Là, la glace peut se rompre à tout moment. Et comme le blizzard se lève rapidement, il est défendu de s’éloigner à plus d’une heure de marche aller-retour.
La notion de froid intense revient à plusieurs reprises dans la conversation. Pour cette raison, ont-ils douté à un certain moment d’un réel réchauffement climatique? "Les scientifiques sur place nous expliquaient que ça se voyait en particulier par la quantité de glace – les glaciers, pas les banquises -, qui tombe des continents. Les glaciers glissent beaucoup plus vite, la mer est beaucoup plus encombrée de ce genre de glace qui est d’une couleur différente [bleue, parfois noire]", souligne l’artiste, toujours préoccupé par la santé du globe.
UNE IMAGE VAUT MILLE MOTS
Le propos d’Antarctica, espace(s) de fragilité est donc orienté vers l’avenir précaire de la terre de glace et, par conséquent, de la planète. Un dialogue qui s’exprime surtout en photos. "Les médiums qu’on a choisis pour ce cas-là, ce sont la photo et la vidéo. On ne pouvait pas transporter vraiment grand-chose. On était limités dans nos bagages. Et on nous avait prévenus: on n’avait pas le droit de laisser quoi que ce soit comme déchet. Sur place, on ne pouvait pas amener des choses. Il n’y a rien de toute façon à part les équipements utiles pour la survie. Le reste, c’est de la roche gelée et de la glace", explique Boissonnet.
Ce dernier expose ainsi des oeuvres photographiques qui mettent en scène la terre, un globe terrestre, et dont certaines font un clin d’oeil à la figure mythologique Atlas. Lorraine Beaulieu, elle, s’intéresse toujours au cyanotype, un procédé photographique ancien; elle fait réagir des tissus à la lumière. "En Antarctique, c’est l’endroit sur la terre où il y a le plus haut taux de rayonnement ultraviolet. Il y a un trou dans la couche d’ozone qui est à ce niveau-là. C’était ça, en fait, mon idée de départ: travailler avec les cyanotypes à cause de cette particularité-là de l’endroit." À leur travail se greffe celui d’Andrea Juan, artiste argentine. Il consiste en une série de photos illustrant ses différentes performances artistiques en Antarctique.
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