Josée Pellerin : Toi, soi et secrets
Arts visuels

Josée Pellerin : Toi, soi et secrets

Être ici et penser Être là, dans les oeuvres de Josée Pellerin qui transportent sur une rumeur délicate, celle de la ville et de ses métaphores.

La proposition de Josée Pellerin que vous pourrez voir au Centre Sagamie se compose de deux corpus photographiques jouant avec la notion de fiction et les dialogues possibles entre oeuvres visuelles et écrites. Des bouts de phrases hétéroclites viennent voler ou se poser dans l’intimité des images, donnant naissance à un fourmillement de sens, à des narrations mobiles.

Vivre le monde par des miroirs innombrables se renvoyant à l’infini des réflexions dont on a oublié l’origine.

À CONTRE-NUIT

Une histoire à soi nous met dans la peau d’un promeneur, un peu voyeur, un peu rêveur. Des impressions numériques donnent à espionner nuitamment un voisinage. Des maisons plongées dans l’obscurité, douce lumière aux fenêtres, suggèrent des foyers de secrets. Les courts textes qui s’unissent aux photographies surgissent comme des pensées se matérialisant devant le regard. S’inventer une vie des autres, ces autres que l’on devine par leurs lueurs vivantes, par les ombres de leurs corps se mouvant. Affections devinées, vies racontées par des détails, inventaires de possessions, points de suspension comme des murmures… Construire leurs existences et en découper l’espace pour les aimer, les juger, se comparer. Fictions jusqu’au bout des toits, les oeuvres sont en fait des nuits américaines, c’est-à-dire que les photographies ont été prises de jour et transformées en scènes nocturnes. Cela pour assurer un meilleur contrôle des images.

FICTION SUR FICTION

Se trouver là où nous ne sommes pas. Dans ces villes mythiques devenues personnages de films tout aussi mythiques. Des images de Hitchcock, Almodovar, Xiaoshuai, Scorsese… des images de Prague, Mexico, Tokyo, Berlin… Pellerin a extrait d’oeuvres cinématographiques des images urbaines où elle s’est intégrée, voyageuse clandestine traversant un Défilé fictionnel du monde. Elle pare la parade des vacances toutes faites en s’emparant des cités à bras leurs corps imaginés. Le rêveur géographique graffite ses fuites à grands jets de prétention à ses désirs. Sont-ce des extraits des carnets de voyage de l’artiste? Qui était là? Qui était réellement là? Suggestions d’expériences totalement partielles de la globalité des villes du globe. Ici aussi, les pensées de l’artiste flottent sur le mur, flot obsédant, frénétique, indomptable de mots faits à soi. Ces derniers rejoignent le sol ou le ciel du mur selon l’idée qu’ils contiennent. Quant aux impressions numériques, elles font sagement la file, collées l’une derrière l’autre. Ce montage renvoie à la pellicule de film, origine des oeuvres.

Le travail de Josée Pellerin encourage les jeux d’associations grâce à sa prose et à ses images numériques. Il sollicite notre expérience personnelle et collective du monde pour une perception ambiguë et sensible de notre humanité. Les lignes deviennent plus que phrases ou qu’une division de l’espace bidimensionnel, elles forment un couple, évoluant ensemble pour provoquer un voyage fictionnel intime. Projetant dans l’imaginaire, les oeuvres sont des ouvertures vers…

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