Karen Bailey : L’envers de la guerre
En 2007, Karen Bailey a été invitée à se rendre en sol afghan à titre d’artiste pour les Forces canadiennes afin de "témoigner du labeur du personnel médical soignant les blessés" (ainsi que l’indique le communiqué), et voici qu’une vingtaine de tableaux découlant de ce thème recouvrent les murs de la Galerie de l’École d’art d’Ottawa. Dans Triage – Une artiste à Kandahar, la peintre ottavienne exploite une thématique plus ou moins inspirante, à cause de ses connotations négative et protocolaire, mais parvient curieusement à rendre le tout intéressant.
Si l’une de ses toiles était observée seule ou dans un contexte différent, celle-ci passerait presque inaperçue, présentant simplement un travail de figuration, populaire et accessible, enjolivé par une application de couleurs imitant le camouflage militaire. Pourtant, ici, la totalité des ouvrages mis côte à côte arrive à capter généreusement l’attention du témoin.
Des formats variés, placés sans ordre de grandeur apparent, des points de vue qui diffèrent, ainsi qu’une facture diverse (fonds léchés ou bigarrés, contours définis ou flous), contribuent à créer une sorte d’effervescence qui vient saisir l’observateur, alors plongé dans le bourdonnement des mises en scène. Parmi les représentations d’enfants blessés en train de réapprendre à marcher, d’alités en voie de rétablissement et de soldats faisant la queue au Tim Hortons du camp, le spectateur trouve des notes d’espoir, d’entraide et de solidarité. Avec verve, l’artiste dépeint non pas les atrocités de la guerre, mais le côté humain derrière la conflagration. Jusqu’au 7 mars.
À voir si vous aimez / Ted Zuber, Robert Hyndman, l’exposition Afghanistan – Les Trésors retrouvés, au Musée canadien des civilisations