Sylvie Cotton : Tout liquider
Arts visuels

Sylvie Cotton : Tout liquider

L’artiste interdisciplinaire montréalaise Sylvie Cotton présente le résultat de son travail en résidence à Action Art Actuel avec l’exposition Déshabiller les guirlandes. De l’art d’éparpiller les mots.

Au sortir d’une résidence de création, Sylvie Cotton propose Déshabiller les guirlandes, une expo organisée dans le cadre de la série Le Dernier Instant, élaborée par l’artiste et commissaire Mathieu Beauséjour. Cinq artistes, dont Sylvie Cotton, y ont participé: "On nous a invités à aborder le côté cartographie, inventaire. Chacun à notre façon, nous avons représenté ce thème." Au moment de cet entretien, l’artiste était à mi-parcours. Ce qui signifie qu’il restait encore des points en suspens. "J’aime me lancer dans le vide. J’ouvre beaucoup de choses en même temps. Je butine", dit-elle.

"Avec mon projet principal, j’ai réalisé quelque chose dont je rêvais depuis longtemps. J’ai apporté toutes mes notes de cours universitaires – triées au préalable – afin de les transformer en confettis. La parole transformée en art. Cela crée une union très intime entre la théorie et la pratique, ça parle du geste, de l’objet, du passage à l’autre. Il y a aussi un côté liquidation dans ce que je fais. Mais je ne revendique rien; ce n’est pas un acte de violence, c’est un allègement. On possède tous un savoir, du matériel dont on peut disposer comme on veut. Nous sommes à l’ère du recyclage et c’est peut-être ça qui va nous sauver… si on liquide un peu, de temps en temps."

Célébration

L’artiste raconte que ce projet créatif n’a pas été sans pépins. Avec pour seul outil un poinçon, elle a rapidement réalisé que l’entreprise s’avérait titanesque: "En continuant comme ça, cela m’aurait pris huit ans! J’en ai fait une partie moi-même, à la main, et j’en suis très fière. Mais à un moment donné, j’ai dû lâcher prise." Elle s’est alors tournée vers une imprimerie locale qui lui a concocté une solution sur mesure; les choses ont ainsi pu avancer plus rondement. "Toutes ces textures et ces couleurs, obtenues par le surlignage des textes, c’est très festif. C’est une célébration!" dit l’artiste, enchantée du résultat. "J’ai aussi pris soin de faire un inventaire avec la liste des auteurs des textes transformés, afin de leur rendre hommage."

Listes, inventaires, collections font vibrer une corde sensible chez Sylvie Cotton, qui a fait une maîtrise en muséologie à l’UQÀM. "Je me questionne aussi beaucoup sur l’attachement. Dans mon travail, il est surtout question de mettre à nu nos peurs, nos espoirs, l’atelier intérieur. Les thèmes que je travaille sont universels. Partout, nous avons le même désir ou la même peur de communiquer."