Michel Boulanger : Tracer la ligne
L’artiste Michel Boulanger expose ses dessins à Plein sud. Dans Linéaments, c’est la toute première étape de l’oeuvre qui est mise en valeur: la ligne.
Catherine-Chantal Boivin
Michel Boulanger n’en est pas à ses débuts. Il a montré sa passion pour l’image à travers une vingtaine d’expositions en solo. Au départ reconnu pour ses ouvrages en dessin et en peinture, il s’intéresse aujourd’hui au dessin numérique. C’est d’ailleurs de ces dessins "vectoriels" que se compose en majorité sa plus récente exposition: Linéaments, qui désigne les premiers traits d’une chose. "Dans le dessin vectoriel, on produit la ligne de manière numérique, ce qui la rend très nette", explique l’artiste. Les six dessins que compte l’exposition présentent des scènes de la vie agricole où les silhouettes, les objets et les formes sont en réalité une superposition d’une multitude de lignes noires. "Dans mes oeuvres, on distingue autant l’intérieur que l’extérieur de l’objet, on est face à son concept et non à sa représentation. J’aime l’aspect très direct du dessin", ajoute Michel Boulanger.
Le dessinateur a toujours été inspiré par les paysages. Aujourd’hui, c’est l’univers rural et agricole qu’on retrouve dans son art. "On a toujours tissé un lien entre la nature et l’agriculture, même si aujourd’hui l’agriculture a plutôt tendance à détruire la nature. Mon travail récent évoque une certaine nostalgie du paysage bucolique et simple d’autrefois", raconte Michel Boulanger. Le choix du noir et blanc et du trait large est bien calculé: "Les dessins ont un look scientifique et rationnel, quasiment froid, pour représenter le côté moderne de l’agriculture", ajoute-t-il. L’artiste confie également admirer l’incroyable variété et la richesse des formes contenues dans l’univers rural. L’exposition regroupe quatre dessins de grande taille ainsi que deux de taille monumentale. Le plus grand est d’une superficie de 10 par 15 pieds. "J’avais envie d’une oeuvre pratiquement enveloppante", confie Michel Boulanger. Un autre dessin, cette fois-ci fait à la main, est de la même envergure.
Michel Boulanger est actuellement directeur de l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQÀM. "Je ne connais pas beaucoup d’artistes québécois qui peuvent se dédier entièrement à leur art. Je suis chanceux d’avoir un autre travail qui me nourrit et me fait côtoyer de jeunes artistes aux démarches inspirantes", conclut-il.